-
- Laurence des Cars, nouvelle présidente-directrice du Louvre
- Voir l´image dans sa page
Avouons que nous avons eu peur jusqu’au bout. Car si le choix de Laurence des Cars pour remplacer Jean-Luc Martinez à la tête du Louvre était presque certain il y a quelques semaines, celui-ci faisait encore débat à l’Élysée qui n’arrivait pas à se décider (voir l’article) alors qu’il disposait de trois autres candidats possibles.
Nous renvoyons à l’article que nous avions publié lors de la nomination de Laurence des Cars à Orsay (voir la brève du 28/2/17), où elle succédait déjà à un directeur controversé, Guy Cogeval. Mais celui-ci avait au moins des réussites à faire valoir. On se demande bien desquelles peut se prévaloir Jean-Luc Martinez, à l’exception de certaines expositions remarquables, dont la superbe Le Corps et l’Âme sur la sculpture italienne de la seconde moitié du Quattrocento.
Durant son court mandat, Laurence des Cars a mené une politique que nous ne pouvons critiquer : toujours très active du côté des acquisitions, confirmant et amplifiant la donation de la collection Hays initiée par son prédécesseur (voir la brève du 10/7/19), produisant des expositions, avec notamment celle, excellente, consacrée à la sculpture polychrome (voir l’article), allant jusqu’à réussir celle qui était pourtant propice à tous les errements, consacrée au modèle noir (voir l’article), ou plus récemment la rétrospective James Tissot (voir l’article).
Il reste qu’une fois de plus le ministère de la Culture a fait la preuve de son pouvoir de nuisance, soutenant contre vents et marées le renouvellement de Jean-Luc Martinez, ce qui en dit long sur l’idée que cette administration se fait de la compétence. S’apercevant que le président de la République, faisant preuve pour une fois d’une vraie compréhension de la situation, restait ferme dans son choix de ne pas prolonger le président-directeur, et les autres candidats ne lui convenant manifestement pas, il est allé demander à Laurence des Cars d’être candidate alors qu’elle ne l’était pas, et surtout qu’elle n’est arrivée à Orsay qu’il y a trois ans, ne terminant même pas son premier mandat, ce qui oblige désormais à la remplacer.
Il faut espérer que Laurence des Cars saura faire le ménage au Louvre, en rendant son rôle à la conservation, et surtout en se débarrassant du nombre incroyable d’incompétents qui ont proliféré à la tête de ce musée (voir notamment cet article, mais il y en a d’autres). Le chantier est infiniment plus complexe qu’à son arrivée à Orsay, avec un Louvre littéralement au bord de l’implosion...
Concluons, tout de même, sur un brin d’auto-satisfaction : même s’il est évident que le président de la République, qui ne s’intéresse guère aux musées et au patrimoine, ne lit pas La Tribune de l’Art, les quelques 92 articles que nous avons consacrés aux conséquences désastreuses de la politique de Jean-Luc Martinez ont joué leur rôle dans ce dénouement, en incitant d’autres journaux (ce fut long, mais cela a fini par arriver) à regarder ce qui se passait au Louvre et à enfin se décider à écrire des papiers, permettant ainsi de toucher une audience encore plus large. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a même reconnu l’importance de nos articles. Il y a de pires références.