Guerchin : l’incroyable apathie du ministère de la Culture

25/3/19 - Restitution - Guerchin - Il y a presque quatre ans, nous signalions la revendication par le ministère de la Culture de deux fragments d’une toile du Guerchin. Celle-ci était pleinement justifiée puisque ce tableau avait fait partie des collections du Louvre et était déposé à Notre-Dame au début du XIXe siècle, avant qu’il ne disparaisse. Nous renvoyons les lecteurs à notre brève du 4/6/15.


1. Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Toujours pas récupéré par le ministère, depuis près de quatre ans !
Photo : SVV Tajan
Voir l´image dans sa page
2. Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Toujours pas récupéré par le ministère, depuis près de quatre ans !
Photo : SVV Tajan
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En janvier 2017, nous avions publié une nouvelle brève intitulée « Des Guerchin qui se font attendre » où nous expliquions que, presque deux ans après cette affaire, la direction des Patrimoines n’avait toujours pas bougé, et que Tajan attendait qu’ils se manifestent pour leur rendre les tableaux.
Plus de deux ans plus tard, la situation en est toujours au même point. Les tableaux sont encore chez la maison de vente, le ministère de la Culture étant jusqu’à présent aux abonnés absents. On peut légitimement se demander ce qu’a fait la direction des Patrimoines, plus précisément le service des Musées de France, depuis tout ce temps. Il ne manque pas pourtant de musées qui seraient ravis de pouvoir accrocher ces toiles sur leur cimaises.

Philippe Barbat a été nommé il y a peu directeur des Patrimoines (voir la brève du 14/11/18), et Anne-Solène Rolland chef du service des Musées de France (voir la brève du 13/2/19). Ils ne sont pas directement responsables de cette incapacité du ministère à régler un problème aussi simple, mais cet article s’adresse directement à eux : il n’y a aucune raison valable pour ne pas rapidement récupérer ces œuvres que la maison de vente conserve malgré elle depuis près de quatre ans. En 2017, on nous avait expliqué que « le service [des Musées de France] est depuis [leur retrait de la vente] en discussion avec les détenteurs afin de procéder au règlement du dossier ». Que plus de deux ans plus tard rien ne se soit encore passé montre la négligence dont cette direction a fait preuve depuis. Une négligence d’autant plus incompréhensible qu’elle ne s’est pas privée d’être un peu plus active lorsqu’il s’est agi de revendiquer le pleurant du tombeau de Philippe le Hardi et le fragment du jubé de Chartres, dont les valeurs sont infiniment plus élevées que celles de ces deux toiles, sans égard pour leurs propriétaires… Quant à prétendre, comme le ministère l’avait fait, que « ces fragments font l’objet d’une attention et d’un intérêt soutenus de [sa] part », il faut être bien naïf pour le croire.

Nous avons à nouveau interrogé le ministère. Celui-ci nous a fait la réponse suivante : « Le SMF/DGP est en relation avec l’indivision détentrice qui est d’accord sur le principe pour les restituer mais les conditions d’organisation de la restitution et d’indemnisation de certains frais (restauration, stockage...) restent à préciser et le SMF est en train d’élaborer une convention pour régler ces aspects afin de pouvoir finaliser la restitution effective. » Quatre ans pour élaborer une convention, et récupérer des œuvres dont les détenteurs ne contestent pas la propriété de l’État est un délai qui, dans n’importe quelle société privée, entrainerait le licenciement des responsables... Nous espérons qu’il ne faudra pas cette fois encore attendre deux ans pour que ces tableaux fort intéressants du point de vue de l’histoire de l’art puissent enfin être accrochés dans un musée. Nous ferons le point tous les mois pour nous en assurer.

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