Un tableau de George Morren acquis par Orsay

5/12/19 - Acquisition - Paris, Musée d’Orsay - George Morren n’eut pas la même notoriété que d’autres peintres belges impressionnistes ou néo-impressionnistes. Il est même inconnu ou presque en France. Il le sera moins désormais, grâce au Musée d’Orsay qui vient d’acheter l’un de ses chefs-d’œuvres auprès de la galerie Eric Gillis de Bruxelles en association avec la galerie Agnews de Londres [1].


George Morren 1868-1941
A L’Harmonie (jardin public), vers 1891
Huile sur toile - 49,8 x 100,1 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : Eric Gillis
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Le peintre met en scène des enfants et leurs nourrices dans un parc d’Anvers, le Koning Albertpark, scène de la vie quotidienne à laquelle il donne une dimension allégorique en l’intitulant À l’Harmonie. Ce tableau, qu’on avait déjà pu admirer dans une exposition d’Orsay sur « le Néo-impressionnisme, de Seurat à Paul Klee » en 2005, rejoint dans les collections des toiles de Théo Van Rysselberghe et d’Emile Claus. Le Musée de Giverny avait quant à lui montré une autre de ses peintures, Le Verger dans une exposition spécifiquement consacrée à l’impressionnisme belge (voir l’article), qui soulignait le rôle de deux groupes artistiques dans le développement des avant-gardes en Europe : le Cercle des XX, puis la Libre Esthétique. Plusieurs Français avaient été conviés à venir exposer leurs œuvres au côté de ces peintres, notamment Monet, Renoir, Pissarro ou encore Seurat qui présenta Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte au Salon des XX en 1887.

Sans doute cette œuvre majeure influença-t-elle Morren. L’Harmonie lui est assez comparable, qui met en scène des figures figées, dans un parc scandé de zones d’ombre et de lumière. Il adopte ainsi les recherches des néo-impressionnistes qui, contrairement aux impressionnistes, ne captent pas sur la toile un instant, mais veulent « synthétiser le paysage dans un aspect définitif qui en perpétue la sensation » comme le suggérait en 1886 Félix Fénéon - actuellement mis à l’honneur au Musée de l’Orangerie. Néanmoins Morren ne se plie pas totalement aux strictes exigences du mélange optique, il se contente de multiplier des points colorés sur des fonds peints, afin d’animer la surface et d’obtenir une vibration lumineuse. Le regard est attiré par l’étrange silhouette de la nourrice, reconnaissable à son chapeau ; massive et sans visage. Le peintre reprend ce personnage dans un autre tableau, Le Renouveau, mais la présente de face, assise dans un parc, en train de donner le sein à un enfant.

George Morren s’éloigna de la touche néo-impressionniste pour une manière plus libre et spontanée, proche d’un Renoir, comme le suggèrent la Femme épinglant son chapeau ou les Deux jeunes filles. Il se rendit plusieurs fois à Paris, passa par les ateliers d’Alfred Roll, d’Eugène Carrière et Pierre Puvis de Chavannes, et conçut aussi de petits bronzes et des objets, bijoux, encriers, papiers peints, influencé par le mouvement Arts and Crafts. Il se tourna finalement vers une peinture luministe et fut l’un des fondateurs, avec Emile Claus et Adrien-Joseph Heymans de l’association Vie et Lumière.

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