Le Prado acquiert un tableau de Zurbarán

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16/2/23 - Acquisition - Madrid, Musée du Prado - Un nouveau tableau de Francisco de Zurbarán est désormais visible au Prado (ill. 1). Détenu par un collectionneur canarien, il n’avait pas obtenu l’autorisation de sortir du territoire espagnol. Le musée a pu en faire l’acquisition et compléter ainsi le fonds d’une trentaine de peintures de l’artiste qu’il possède déjà, moins important néanmoins que celui d’autres grands maîtres actifs à Séville au XVIIe siècle, tels que Diego Velázquez, Alonso Cano ou Bartolomé Esteban Murillo.

La toile, qui mériterait d’être restaurée, met en scène saint François de Paule en prière, reconnaissable au mot « CHARITAS » qui apparaît dans le ciel. L’un de ses disciples raconta en effet que l’ermite eut la vision de saint Michel lui remettant un écusson enflammé portant cette inscription.
Né en 1416 à Paule, en Calabre, il reçut le prénom de François d’Assise, ses parents considérant sa naissance comme un miracle accompli par le saint. Il entra chez les Cordeliers, se distingua par quelques compétences inattendues comme le don d’ubiquité, et finit par se retirer dans une grotte où il fut rejoint par d’autres pénitents solitaires, qui formèrent l’ordre des Minimes - « les tout petits  » -, branche des Franciscains. Saint François de Paule se rendit au chevet du roi Louis XI en 1483 et demeura plus de vingt ans à la cour de France après la mort de celui-ci.


1. Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Saint François de Paule en prière, 1659
Huile sur toile - 123,8 x 97 cm
Madrid, Museo Nacional del Prado
Photo : Prado
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2. Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Saint François d’Assise en prière, 1659
Huile sur toile - 126 x 97,1 cm
Madrid, Museo Nacional del Prado
Photo : Prado
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Le Prado conserve une peinture de Zurbarán qui représente saint François d’Assise en prière (ill. 2). Peintes la même année, en 1659, les deux compositions sont très proches : chacun des religieux s’appuie sur un rocher plat, tandis qu’à l’arrière-plan se déploie un paysage sensiblement identique, avec le même ciel bleu traversé de nuages blancs, qui éclaire l’ensemble. Un rayon de lumière vient souligner le crâne que tient l’un et le livre que tient l’autre.

Peut-être les deux toiles formaient-elles des pendants, peut-être appartenaient-elles à une série plus large d’effigies de saints. Œuvres tardives du maître, réalisées peu de temps après son installation à Madrid où il finit sa vie, elles n’étaient pas destinées à un lieu de culte, église ou monastère, mais répondaient plus probablement à une commande privée.
Elles témoignent de l’évolution stylistique du peintre : dès les dernières années passées à Séville, il sut s’adapter à l’arrivée de jeunes artistes tels que Murillo et à l’évolution du goût. Sa palette se fit plus claire et plus variée, le contraste d’ombre et de lumière s’adoucit, les personnages ne se détachèrent plus sur un fond sombre et neutre, mais sur un ciel lumineux. Il garda néanmoins le même souci naturaliste dans la description des différents accessoires - la bure lourde et râpée, le bâton de marche - et la même volonté de peindre des figures expressives pour mieux emporter l’adhésion du fidèle. Ainsi les traits du visage - yeux levés, bouche entrouverte - et les gestes du saint - ses mains jointes - expriment sa profonde piété.

Ce tableau rejoint au Prado deux représentations de saint François de Paule par Murillo.

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