Le camp du Bien

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Photo : Google Art Project (domaine public)
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Que les œuvres aient disparu si elles n’avaient pas été conservées dans des musées européens importe peu [1].

Que ces œuvres aient été pour certaines emportées lors de conquêtes militaires, avant 1899, alors que le droit international le permettait et que ce fut le cas de tout temps et dans tous les pays importe peu.

Qu’une grande partie de ces œuvres ne soient pas issues de pillages ou de vols importe peu.

Que la plupart des pays africains n’auraient pas été demandeurs de restitutions sans l’activisme de quelques-uns, pour l’essentiel franco-africains, importe peu.

Que l’histoire de l’Afrique, par exemple au Bénin, ne puisse se résumer aux gentils autochtones contre les méchants colonisateurs importe peu.

Que ces œuvres, de l’aveu même des auteurs du rapport et des spécialistes des musées africains, soient menacées pour certaines de destruction par leur « restitution » importe peu.

Que la loi française interdise au chef de l’État de disposer des œuvres des musées français, inaliénables, importe peu.

Que la « restitution » de ces œuvres à l’Afrique subsaharienne entraîne nécessairement à terme celle de toutes les œuvres emportées dans des conditions comparables en Algérie, au Maroc, en Égypte, en Inde, en Chine, en Amérique du Sud, en Grèce ou en Italie importe peu.

L’essentiel, pour Emmanuel Macron et pour beaucoup de gens qui, de toute façon, ne visitent et n’aiment pas les musées, c’est de résumer cette question à un axiome : « ces œuvres appartiennent aux pays africains il faut les leur rendre ». L’essentiel, c’est d’être dans le camp du Bien et de rejeter les autres dans celui du Mal. La pensée complexe, la réflexion, le débat et l’examen des faits importent peu.

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