Promenade hivernale autour du Louvre et aux Tuileries

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Nous nous sommes promené, le samedi 22 février, de la colonnade de Perrault, à l’extrémité est du Louvre, au jardin des Tuileries pour nous arrêter juste avant la place de la Concorde. Cet espace parisien, d’une superficie sensiblement égale à celle du Vatican, n’est pas sous la responsabilité de la Ville de Paris, mais bien de l’établissement public du Louvre, présidé et dirigé par Jean-Luc Martinez. L’état ahurissant de cet ensemble (nous ne nous intéresserons ici qu’à l’extérieur) n’est donc pas dû à Anne Hidalgo, la maire de Paris. On en conclut néanmoins que le président du Louvre est son digne émule, sous le regard totalement absent du ministère de la Culture qui joue théoriquement encore le rôle d’autorité de tutelle.

Nous avons compté pas moins de sept structures temporaires présentes ce jour là. Des structures « temporaires » que l’accumulation tout au long de l’année transforme, en réalité, en structures permanentes. Nous y rajouterons plusieurs éléments qui font de ces lieux historiques une espèce de no man’s land à l’abandon.


1. Colonnade de Perrault
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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2. Colonnade de Perrault
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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Commençons donc, comme nous le proposions, avec la colonnade de Perrault. Une appellation traditionnelle même si l’on sait désormais que cette grande façade n’est pas l’œuvre du seul Claude Perrault, mais fut une création collective (voir cet article).
Toujours est-il que ce monument historique de première importance pour l’histoire de Paris est, comme c’est fréquemment le cas, caché par des baraquements temporaires (ill. 1). On ne sait exactement de quoi il s’agit puisque aucune information n’est disponible pour le public. Le logo « La mode en image » fait penser que c’est en lien avec la Fashion Week. Il s’agit peut-être d’un événement Louis Vuitton, qui s’y était déjà installé l’an dernier aux mêmes dates (du 30 janvier au 22 mars 2019) et à nouveau à l’automne dernier. Toujours est-il que ces baraquements s’étendent sur une moitié de la colonnade, tandis que dans les fossés (ill. 2) on voit toujours ceux que le Louvre y laisse depuis des années et qui selon lui, devrait être enlevés en 2021 (on attend de voir).


3. Côté rue de Rivoli de la cour Carrée
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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4. Porte d’entrée du parking à vélos des agents du Louvre, côté rue de Rivoli
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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Nous revenons alors rue de Rivoli en passant à nouveau devant la colonnade, et nous voyons là aussi des constructions « temporaires », qui ne semblent pas liées aux autres baraquements. On découvre néanmoins un panneau qui nous indique que ces gracieux édicules (ill. 3), protégés par des fils de fer barbelés, servent notamment de parking à vélo pour les agents du Louvre (ill. 4).
Puis, nous entrons dans la cour Carrée où une énorme structure est en cours de construction (ill. 5 et 6). Ce type de choses, en comptant le montage et le démontage, reste près de deux mois à cet endroit…


5. Cour carrée du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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6. Cour carrée du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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Ressortant du côté de la Seine, nous longeons les quais et pouvons voir la publicité géante qui couvre l’échafaudage de restauration de la façade (ill. 7). Depuis 2011, soit neuf ans, les quais de Seine classés au patrimoine mondial n’ont pas été une seule minute épargnés par ce type de publicités géantes « temporaires ». Celles-ci s’y succèdent en effet, passant d’un monument à l’autre, parfois deux ou trois en même temps, qu’il agisse du Musée d’Orsay (qui avait lancé le bal), de l’Hôtel de la Monnaie, du Palais de Justice, de l’Institut...


7. Publicité géante sur la
façade sud du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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8. Plots en béton, carrousel du Louvre
Photo : Didier Rykner
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Nous prenons alors les guichets pour rentrer dans l’enceinte du Louvre, entre l’arc de triomphe du Carrousel et la Pyramide. Là, on peut admirer depuis des années, d’un côté ces gros plots en béton (ill. 8), et de l’autre ces barrières en métal (ill. 9), « temporaires » bien sûr. On va évidemment nous répondre : il s’agit d’empêcher un attentat terroriste au camion ou à la voiture piégée. Fort bien. Mais soit ces choses sont inutiles, et il faut les enlever, soit elles sont nécessaires, et il faut les remplacer par des dispositifs plus esthétiques. Comment peut-on supporter cela dans un lieu comme le Louvre ? Il est vrai que ces barrières en métal trainent aussi entre les deux voies de circulation sans qu’on voit bien leur utilité à cet emplacement (ill. 10).


9. Barrières devant la pyramide du Louvre
Photo : Didier Rykner
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10. Si l’on peut s’interroger sur l’utilité réelle des barrières de l’illustration 9, celles-ci n’ont sans doute qu’un intérêt décoratif ?
Photo : Didier Rykner
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Le simple entretien des lieux ne semble pas faire partie du cahier des charges de l’établissement public, comme nous en convaincra par exemple un détour par le passage Richelieu. Sur les huit réverbères qui le décorent, un a perdu la tête (ill. 11), et trois autres ont carrément disparu (ill. 12). Quant aux bras de lumière, là encore un sur deux a disparu (ill. 13), et les autres sont pour la plupart éteints (ill. 14). Nous ne sommes jamais que dans le plus grand musée du monde.


11. Réverbère sans tête, passage Richelieu
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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12. Plot remplaçant un réverbère,
passage Richelieu
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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13. Bras de lumière invisible,
passage Richelieu
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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14. Bras de lumière sans lumière
passage Richelieu
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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Les réverbères extérieurs sont à peine en meilleur état. La plupart sont rouillés, parfois presque entièrement (ill. 15 à 18), sans que cela paraisse émouvoir personne.


15. Réverbère rouillé
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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16. Réverbère rouillé
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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17. Réverbère rouillé
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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18. Réverbère rouillé
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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On passera rapidement sur un bout de terrain enclos de barrières provisoires dont on ne sait à quoi il correspond (ill. 19) et sur les parterres entourés d’un ravissant ruban blanc et vert (ill. 20), pour entrer dans le jardin des Tuileries


19. Nous ne savons pas ce que c’est
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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20. Parterre (par ailleurs en triste état)
entouré de ruban vert et blanc
Carrousel du Louvre
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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On y découvrira sur les terrasses qui longent la rue de Rivoli (ill. 21 et 22), sans doute pour remplacer la fête foraine qui s’y installe deux mois en été, ou le marché de Noël de Marcel Campion qui y prend ses quartiers d’hiver presque deux mois aussi, des installations de la Fashion Week qui reviennent deux fois par an, quand ce n’est pas le Pavillon des Arts et du Design qui s’y installe en avril…


21. Terrasse des Tuileries,
le long de la rue de Rivoli
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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22. Terrasse des Tuileries,
le long de la rue de Rivoli
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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Et l’on terminera cette édifiante promenade au cœur du Paris historique par une autre construction « temporaire », à l’extrémité ouest des Tuileries (ill. 23 et 24), qui vient une fois de plus boucher la perspective sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile déjà si souvent mise à mal par les constructions « temporaires » sur la place de la Concorde. On ne sait à quoi elle servira, et on s’en moque. Elle n’a rien à faire là.


23. Jardin des Tuileries, à l’ouest,
juste avant la place de la Concorde
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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24. Jardin des Tuileries, à l’ouest,
juste avant la place de la Concorde
22 février 2020
Photo : Didier Rykner
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D’ailleurs, voici une photo de la place de la Concorde une fois que nous avons quitté les Tuileries (ill. 25). Il y a une vraie continuité. Oui, décidément, le Louvre ne vaut pas mieux que la Mairie de Paris.


25. Place de la Concorde
23 février 2020
Photo : Didier Rykner
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