Outre le Louvre, la prochaine nomination à Versailles inquiète

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Si parmi les nominations à venir dans les établissements publics celle du président-directeur du Louvre fait beaucoup parler, une autre est moins médiatisée, mais pas forcément moins inquiétante.
Il s’agit de la présidence de Versailles. La période Catherine Pégard aura vu le château poursuivre son long déclin ponctué par des restaurations et des restitutions abusives, mais au moins avec un travail de conservation du musée (acquisitions, expositions, restaurations d’œuvres) satisfaisant, rien ne dit que la suite sera placée sous de meilleurs auspices, bien au contraire.

Il est de notoriété, sinon publique, du moins au sein du petit monde des musées, qu’un candidat potentiel et malheureusement très probable, car il est un proche du président de la République, fait le forcing pour obtenir le poste : Jean d’Haussonville. Celui qui est depuis dix ans le directeur général du domaine national de Chambord nous avait pourtant promis, juré, craché qu’il n’était pas question pour lui d’être candidat à ce poste. Il n’aspirait, nous avait-il dit il y a quatre ans, quand nous l’avions rencontré pour parler notamment de la gestion des droits d’image du château, qu’à redevenir diplomate en retournant au Quai d’Orsay. Nous n’étions déjà pas dupe, et les informations que nous avons eues depuis nous ont conforté dans notre scepticisme.

Nous l’avons donc interrogé par mail pour lui demander s’il était candidat pour Versailles, nous étonnant de cela car il n’a, bien entendu, qu’une parole.
Sa réponse vaut d’être citée entièrement : « Je suis en poste à Chambord, dans un dernier mandat qui dure jusqu’à fin 2022, très mobilisé par les mesures de redressement nécessaires à la traversée de la crise sanitaire qui nous affecte tous. J’ai présenté mes vœux d’affectation dans une ambassade au ministère des Affaires étrangères cet automne, dans les échéances normales. Si néanmoins, d’ici la fin de mon mandat à Chambord, le Président de la République, sur proposition de la Ministre de la Culture, me nommait dans un autre lieu de patrimoine, je serais dans cette hypothèse bien volontiers à votre disposition, le moment venu, pour vous en parler. »

On comprend donc de ce message qu’il n’est absolument pas candidat. Mais que son absence de candidature pourrait réellement chagriner le président de la République et la ministre de la Culture qui ont une vraie vision patrimoniale et ne verraient que lui pour prendre ce poste. Manifestement, il n’en a pas du tout envie, mais est prêt à faire don de sa personne à un « autre lieu de patrimoine » (lire le château de Versailles), si on le lui demande instamment, et même avant la fin de son mandat à Chambord. Quand faut y aller, faut y aller. C’est beau, et émouvant.

Plus sérieusement, une telle candidature serait pour le château un nouveau coup dur. Le retour assuré à Versailles de Jacques Garcia qui en avait finalement été éjecté, mais qui sévit toujours à Chambord. La poursuite, pour la plus grande joie des architectes en chef du château, Frédéric Didier et Jacques Moulin, des reconstitutions hasardeuses dont Jean d’Haussonville est un amateur comme l’avait prouvé son projet pour la toiture de Chambord (voir les articles), auquel nous avions fort heureusement contribué à mettre fin avant qu’il ne soit mené à bien. Bref, nous sommes persuadé que Jean d’Haussonville serait parfait dans une ambassade et nous souhaitons seulement que ses vœux soient exaucés !

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