Inauguration de la « Grille Royale » à Versailles

1. Frédéric Didier
Grille dite Royale, 2008
Château de Versailles
Photo : D. Rykner
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1/7/08 – Patrimoine – Versailles, Château – Lundi avait lieu la présentation à la presse de la grille nouvellement construite qui vient relier les pavillons Dufour et Gabriel à l’endroit où naguère se dressait la statue équestre de Louis XIV voulue par Louis-Philippe.

Nous avons plusieurs fois critiqué ici-même cette « restitution ». Sans développement supplémentaire (voir l’article du 15/12/03 et celui du 25/3/07), rappelons nos quatre principaux arguments :

 la déontologie de la restauration (et les conventions internationales signées par la France) veut que l’on restitue (lorsqu’une restitution est décidée) un « dernier état historique connu ». Or, l’état actuel, n’est évidemment pas le dernier état historique connu,
 plus grave, ce n’est même pas un état historique puisque le pavillon Dufour (celui de gauche lorsque l’on regarde le château) n’existait pas au moment de la destruction de l’œuvre d’Hardouin-Mansart,
 le dessin, s’il reprend en gros celui de la grille d’origine, est en tout point une interprétation moderne de l’architecte Frédéric Didier ; si celle-ci était effectivement bien documentée, on ne trouve pas deux dessins ou gravures qui correspondent. Il n’y a donc pas une volute, pas un mascaron qui ne soit interprété, parfois d’après des modèles existant ailleurs dans le château,
 bien que la grille ait été payée par le mécénat (le groupe Monnoyeur), cette somme considérable aurait pu être dirigée vers un chantier vraiment utile ; il n’est par ailleurs pas neutre pour le contribuable puisque tout acte de mécénat entraîne une très forte réduction d’impôt.


2. Frédéric Didier
Grille dite Royale, 2008, détail
Château de Versailles
Photo : D. Rykner
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Cette grille inutile est donc coûteuse (3,5 millions d’euros). Plus grave encore, son dévoilement montre que la réalisation n’est même pas à la hauteur de son ambition. Certes cela brille, ce qui plaira sûrement aux touristes qui n’ont pas un regard pour les grilles authentiques, nombreuses à Versailles. Mais l’insertion de plots lumineux dans la pierre (destinés à l’éclairage nocturne), le martelage régulier des barreaux (ill. 2) pour « faire ancien », tout dans cette grille respire le toc et la copie.

Face à cela, le bâtiment temporaire (prévu pour durer trois ans, espérons que cela ne soit pas plus long) plaqué sur l’aile Dufour, qui n’a pas grand chose à faire ici, n’est finalement qu’un moindre mal et on ne lui reprochera pas de cacher une partie de la grille à peine inaugurée. Son but est d’améliorer l’accueil en attendant que les travaux actuels dans le pavillon Dufour et dans le Grand Commun soit terminés...
Un café a été ouvert dans l’aile des Ministres sud : les boiseries et le peu de décor intérieur qui restaient ont été entièrement conservés et repeints de manière réversible, l’ameublement est contemporain mais sobre. Il s’agit là encore d’une installation provisoire, d’ailleurs plutôt réussie, ces salles étant destinées à terme au Musée de l’Histoire de France.

Une bonne nouvelle pour terminer : la statue de Louis XIV reviendra et ne sera pas exilée trop loin de son emplacement originel puisqu’elle sera bientôt réédifiée sur la Place d’Arme, dans l’axe du château.

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