4/9/24 - Acquisition - New York, The Metropolitan Museum of Art - Le marchand italien établi à Paris, Maurizio Canesso, nous en parlait dans l’interview qu’il nous avait accordée et que vous pouvez écouter en podcast ici : un peintre encore anonyme a été baptisé de son nom !
On connaît en effet ces noms de convention, le « Maître » de quelque chose, baptisé d’après le sujet de son œuvre la plus connue, d’après le nom d’un collectionneur, d’après celui d’un historien de l’art ou encore d’un musée ou d’un lieu où son tableau le plus important est conservé. Une fois un petit noyau d’œuvres réuni, il est possible d’en ajouter d’autres et de reconstituer un corpus. Parfois même, l’anonyme trouve un nom. Le Maître du Jugement de Salomon s’est avéré n’être autre que le jeune Jusepe Ribera, le Maître de Moulins a désormais son identité bien établie : il s’agit de Jean Hey, ou le Maître de l’Observance est le jeune Sano di Pietro...
- 1. Maître de l’Ambulant Canesso (actif dans la seconde moitié du XVIIe siècle)
Le Colporteur de livres, vers 1670-1690
Huile sur toile - 171,5 x 103,5 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art
Photo : Galerie Canesso - Voir l´image dans sa page
Le « Maître de l’Ambulant Canesso » est nommé d’après le sujet de son œuvre éponyme, qui représente un marchand ambulant vendant des livres et qui était la propriété de la galerie Canesso (ill. 1). Ce tableau vient d’être acquis par le Metropolitan Museum.
Si son auteur n’est pas encore connu, le milieu dans lequel il évoluait est en revanche identifié. Il s’agit en effet d’une peinture sans doute exécutée dans le nord de l’Italie, plus précisément en Lombardie. Présentée dans une exposition à Brescia l’année dernière intitulée Giacomo Ceruti nell’Europa del Settecento, Miseria & Nobiltà, son attribution ancienne à Giacomo Ceruti lui-même n’y avait pas été retenue, et le nom de convention fut forgé à cette occasion par les commissaires de l’exposition.
Si Giacomo Ceruti, né en 1698, fut actif au XVIIIe siècle, cette œuvre est plus probablement datable de la fin du XVIIe siècle (le Metropolitan Museum propose une datation autour de 1670-1690), plusieurs décennies donc avant la période d’activité de Ceruti.
Le peintre lui-même est peut-être italien, mais la piste d’un artiste espagnol actif en Lombardie a également été évoquée.
Un autre tableau (ill. 2), sans doute également peint par ce « Maître de l’Ambulant Canesso », a été rapproché de celui-ci. Provenant des collections médicéennes, il se trouve actuellement dans les réserves du Palazzo Pitti et présente une composition analogue - frontalité des personnages principaux, mur de pierre sur lequel est collé une affichette, un sujet en rapport puisqu’il représente également un marchand ambulant, vendant une broche à une vieille femme, et enfin un style identique.
- 2. Maître de l’Ambulant Canesso (actif dans la seconde moitié du XVIIe siècle)
Le Vendeur de lunettes
Huile sur toile - 230 x 150 cm
Florence, Palazzo Pitti
Photo : Palazzo Pitti - Voir l´image dans sa page
On peut se rappeler que la galerie Canesso avait, il y a quelques années, exposé (voir l’article) un artiste lui aussi anonyme, lui aussi peignant dans un esprit réaliste, en Italie et à la fin du XVIIe siècle, et dont on pouvait remarquer également les affinités tant avec la peinture espagnole qu’avec les œuvres à venir de Giacomo Ceruti. Incontestablement, les deux peintres, le Maître de la toile de jean et le Maître de l’Ambulant Canesso, bien qu’il s’agisse de deux personnalités différentes, peuvent être comparés.
Notons enfin que le Met conservait déjà, dans la même veine, un tableau de Bernhard Keil, un autre peintre de sujets misérabilistes dans le nord de l’Italie au XVIIe siècle, cette fois d’origine danoise, ainsi que deux toiles de Giacomo Ceruti, Une femme avec un chien et Un vieil homme avec un chien.