Le domaine national de Grignon livré à un promoteur

Vue du domaine de Grignon
Photo : Didier Rykner
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Nous aimerions dire que l’écœurement nous gagne, mais ce n’est pas tout à fait exact : ce sentiment n’est pas nouveau chez nous, il est même constant depuis des années, et singulièrement depuis qu’Emmanuel Macron est devenu président de la République. Peut-on imaginer pire président et pires gouvernements que ceux qui sont à la tête de notre pays depuis maintenant plus de quatre ans ? Dans le domaine de la protection du patrimoine et de l’environnement, sûrement pas.

Nous avions à plusieurs reprises parlé des menaces qui pesaient sur le domaine de Grignon (voir les articles). Comme nous l’avons montré dans cet article notamment, l’intérêt de ce domaine national est considérable, tant du point de vue historique que sur le plan des monuments historiques, et peut-être encore davantage sur le plan écologique. Un projet existait, remarquable, de mise en valeur et de protection de cet ensemble. C’est un promoteur qui a été choisi : la Cogedim comme d’ailleurs tout le laissait penser, puisque nous l’avions Tweeté dès le mois d’avril. La décision a été prise en plein été, et en catimini, comme c’est souvent le cas pour ce genre de choses.

Rappelons que les oppositions à un tel projet ont été nombreuses, et en particulier celles des élèves de l’Agro qui avaient occupé le site pendant plusieurs semaines (voir cet article), faisant preuve ainsi d’une responsabilité et d’un sens de l’intérêt général dont nos ministres sont bien incapables. Rappelons également que le domaine est seulement inscrit monument historique, alors qu’un classement était, au moins, nécessaire, avant de le céder. Mais le ministère de la Culture, comme il le fait pratiquement toujours, s’est opposé à ce classement sous le prétexte mensonger que l’inscription était équivalente au classement (voir cet article). Nul doute qu’à l’avenir, la DRAC Île-de-France validera toutes les dérives probables que ce projet entraînera.

Signalons enfin que la vente du siège parisien de l’Agro ayant été beaucoup plus rentable que cela n’était prévu, rien n’obligeait le ministère de la Culture à privilégier l’aspect économique à celui culturel et écologique. Mais il n’y a pas de petits profits pour un gouvernement qui se moque comme d’une guigne de l’intérêt général.

Nous continuerons, bien entendu, à nous battre pour la sauvegarde du domaine de Grignon, et nous ne serons pas les seuls. Nous informerons régulièrement nos lecteurs des actions qui seront menées, et des probables recours judiciaires contre cette décision. Grignon doit être sauvé des intérêts mercantiles, comme l’hôtel de la Marine l’avait été. Le patrimoine n’est pas une variable d’ajustement.

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