Emmanuel Macron, nouveau ministre de la Culture ?

Emmanuel Macron
Photo : Gouvernement français (CC BY-SA 3.0)
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Cela fait plus de dix jours que Franck Riester a été nommé ministre de la Culture (voir l’article). Pourtant, alors que celui-ci a fait preuve dans ce court laps de temps de plus d’intérêt pour le patrimoine que la précédente ministre pendant un an et demi, son poste est déjà grandement fragilisé, en raison de la volonté du Président de la République d’imposer ses hommes à tous les niveaux.

Nous avons déjà raconté ici comment le directeur de cabinet que souhaitait Franck Riester avait été refusé par Emmanuel Macron (voir la brève du 22/10/18). Depuis, le ministère de la Culture navigue à vue, sans cabinet alors qu’il est déjà privé de tous les autres postes clés que sont les grandes directions centrales (voir l’article).
Mais ces nominations devraient arriver bientôt. Car selon nos informations, le Président de la République prévoit plusieurs nominations au prochain Conseil des Ministres le 31 octobre : le directeur général des patrimoines, le directeur général de la création artistique, le président de la RMN et le directeur de cabinet. Des nominations qui ne se feraient pas réellement sur proposition du ministre, mais qui lui seraient ainsi imposées.

Pour le premier poste, celui qui nous concerne le plus directement, deux noms ont circulé ces derniers jours. Le premier est Jean d’Haussonville, actuellement directeur du domaine de Chambord. Nous avons prévu de bientôt consacrer un long article à son action à la tête de ce château, sur laquelle nous sommes assez critique. Sa nomination comme directeur des patrimoines nous aurait semblé être une très mauvaise idée. Depuis, nous avons appris qu’il avait largement démenti sa candidature, ce qu’il nous a également confirmé : « je ne suis pas candidat car j’ai un mandat qui s’achève au 31 décembre 2019 et des projets qui me tiennent très à cœur pour les 500 ans [anniversaire de la création de Chambord] ». Certains pensent qu’il attendrait que se libère le poste de président de l’établissement public de Versailles mais, là encore, il nous a dit ne pas être non plus candidat, préférant retourner, à la fin de son mandat à Chambord, au ministère des Affaires étrangères pour prendre un poste d’ambassadeur.

Cette piste - qui était sérieusement envisagée - paraissant abandonnée, il semble désormais que le futur directeur général des Patrimoines serait Hervé Barbaret, qui était secrétaire général du ministère de la Culture, après avoir été, de 2015 à 2017, directeur du Mobilier National.
Le président de la Réunion des Musées Nationaux serait le belge Chris Dercon qui fut notamment directeur du Musée Boijmans Van Beuningen et de la Tate Modern à Londres. Il serait question que la RMN soit chargée, sous sa direction, de reprendre la programmation des expositions du Louvre Abu Dhabi, ce qui risque de créer quelques tensions avec le Louvre. Nous n’avons pas le nom de celui qui devrait prendre la tête de la direction de la Création artistique.
Ces trois directeurs précédemment cités étant des hommes, le directeur de cabinet devrait être une femme, dont nous n’avons pas le nom.

Il est délicat de publier des informations sur des nominations qui ne sont pas encore effectives, car nous pouvons toujours être démenti par les faits. Nos lecteurs savent que nos informations sont toujours fiables : ce que nous écrivons est juste au moment où nous le publions. Mais nous persistons à penser que le nouveau ministre de la Culture doit être soutenu et que rien ne serait pire pour lui que d’être mis devant le fait accompli de nominations qu’il n’aurait pas choisies. Rappelons que pour le poste de directeur général des patrimoines, deux noms avaient été proposés à Emmanuel Macron : ceux de Denis Berthomier et d’Olivier Henrard (le même Henrard que Franck Riester souhaitait comme directeur de cabinet). Tous deux avaient été refusés par le Président de la République qui, désormais, ne semble plus s’embarrasser de procédure. Ces petites tambouilles d’arrière-cour ne sont pas très reluisantes. Après avoir fait le geste remarquable d’affecter 21 millions d’euros supplémentaires au patrimoine, va-t-il à nouveau se discréditer sur le terrain de la culture dont il semble, bien davantage que Franck Riester, être le nouveau ministre.

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