128 experts dénoncent le vandalisme à venir sur la basilique Saint-Denis

Façade de la basilique Saint-Denis
Photo : Chabe01 (CC BY-SA 4.0)
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29/9/21 - Patrimoine - Saint-Denis, basilique - Nous avons dénoncé sur La Tribune de l’Art, à plusieurs reprises, la reconstruction de la flèche de Saint-Denis, qui n’est basé sur aucune nécessité patrimoniale, qui consistera à construire un faux sur un des plus insignes monuments religieux français et à faire financer ce chantier par les contribuables français, contrairement à tous les engagements du ministère de la Culture.

Le site du Point publie ce soir une tribune, écrite par Mathieu Lejeune, docteur en histoire de l’art médiéval, et Maxime Lhéritier, maître de conférences en histoire médiévale et cofondateur de l’Association des Scientifiques au service de la restauration de Notre-Dame de Paris, signée par 128 experts (historiens, historiens de l’art, historiens de l’architecture, etc.) français et étrangers, dénonçant cette opération en reprenant plusieurs points dont nous avions déjà parlé, et en révélant de nouveaux qui démontrent que ce projet, bien loin d’être une opération vertueuse, constitue une grave atteinte au patrimoine.

La construction de la flèche imposera en effet l’« injection d’un coulis de chaux ou de béton dans les maçonneries médiévales et la pose de tirants en métal à l’intérieur du massif, lesquels dénatureront l’une des premières façades de l’époque gothique », qui vient par ailleurs, comme le signale les auteurs de ce texte, de faire l’objet d’une restauration. Par ailleurs, ce projet entrainera « la mise au jour par des fouilles archéologiques préventives, d’un cimetière du Haut Moyen Âge comprenant la chambre funéraire de Pépin le Bref, qui sera ensuite détruit pour installer les semelles de fondation en béton armé » nécessaires à la consolidation de la façade.
Ce sont ainsi deux dégradations majeures de patrimoine médiéval que provoquera la construction de cette flèche.

Le texte souligne ensuite que les avis des experts ont été piétinés, puisque la Commission nationale des monuments historiques avait donné un avis défavorable à ce projet. Nous avions déjà souligné ce scandale (voir cet article et celui-ci), comme nous avions écrit, aussi (voir l’article), que contrairement aux conditions fixées par la ministre de la Culture Audrey Azoulay pour donner son accord, le projet ne serait aucunement financé par une quelconque souscription, mais bien par de l’argent public, donné autant par la région Île-de-France que par les départements franciliens et par le ministère de la Culture lui-même.

Enfin, le texte dénonce ce que nous avions également largement exposé (voir l’article), soit le mensonge sur la réutilisation des pierres d’origine. Mieux encore : il révèle que l’on savait depuis 2016 que cette réutilisation était impossible puisque l’étude archéologique qui avait alors été menée sur les pierres conservées avait révélé que sur 300 pierres conservées, seules cinq à dix remonteraient au Moyen Âge, les autres pierres datant du XIXe siècle.

L’affaire est donc encore plus grave que ce que nous avons expliqué depuis le début : basée sur des mensonges, elle va aboutir à un vandalisme patrimonial soutenu et financé par le ministère de la Culture, contre l’avis de tous les spécialistes ou presque. Ce projet est une honte. Comme le conclut le texte, la basilique Saint-Denis n’a pas besoin de flèche, d’autant que celle-ci entrainera une dénaturation définitive par une chape de béton des fondations médiévales de sa façade.

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