Non à la dénaturation du jardin de l’Archevêché !

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Notre-Dame, avec à droite le jardin de l’Archevêché
Carte postale ancienne
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Nous avons publié, après que le projet lauréat pour les abords de Notre-Dame a été dévoilé, un article intitulé « Un projet (presque) acceptable ». Il n’est pas question, en effet, de nous opposer systématiquement à la Mairie de Paris lorsque celle-ci va dans le bon sens. Nous reconnaissons régulièrement ainsi certains progrès dans les restaurations des églises, certes insuffisants mais réels.
Mais les occasions de se réjouir, avec cette administration, sont très rares. Constater que le parvis de Notre-Dame et le sud de la cathédrale ne sont pas trop mal traités (en tout cas moins mal que nous le craignions), ne pas nous offusquer - d’autres le font, et il est vrai que cela peut se discuter - des ouvertures qui percent le mur du quai et qui nous semblent modestes, ne signifie pas que nous allons accepter ce qui est évidemment un crime patrimonial contre ce lieu : l’enlèvement des grilles fermant le square Jean XXIII, que nous préférons appeler de son ancien nom, bien plus beau, jardin de l’Archevêché.

On peut s’inquiéter du traitement qui lui sera réservé. Son mobilier traditionnel déjà en partie vandalisé (voir cet article) sera-t-il conservé ? Ses parterres de fleurs - qu’on ne voit pas sur la maquette ou sur les vues du projet - feront-ils leur retour ? Tout cela est inquiétant même si l’agencement général des lieux ne semble pas bouleversé.
L’enlèvement de ces grilles, comme de celles qui ferment le Mémorial des Martyres de la Déportation, n’est pas acceptable. Il aura pour effet de transformer cet endroit, qui sera donc ouvert jour et nuit, en un lieu qui n’aura plus rien à voir avec le havre de paix qu’il était jusqu’à l’incendie.
Les politiques n’apprennent décidément rien de leurs erreurs ni de celles de leurs prédécesseurs : au début des années 1970 en effet, le square de la tour Saint-Jacques - là encore un lieu du Paris historique puisque son dessin est dû à Adolphe Alphand - fut ouvert complètement et ses grilles envoyées au rebut ! Nous étions, il est vrai, à l’heure du vandalisme roi sous la présidence de Georges Pompidou, au moment où les halles de Baltard, non loin de là, étaient détruites.
Le résultat ne se fit pas attendre : les lieux devinrent mal famés et infréquentables. Résultat : on reposa des grilles en 1997 [1]. Si l’on pense que les années 2020 sont certainement bien pires en terme de dégradation de l’espace public que ne l’était la fin du siècle dernier, si l’on songe à ce que sont devenus le Champ-de-Mars ou la place de la République, espaces ouverts et abandonnés par la mairie, on peut s’imaginer ce que deviendra très vite, au cœur de la capitale, ce jardin que les infographies nous vendent comme la huitième merveille du monde. Des pelouses râpées - on ne les aura pas arrosées - des vendeurs à la sauvette, des joueurs de bonneteau et, la nuit, certainement pire, dans une capitale où rien n’est fait pour enrayer le commerce du crack, il ne faut pas être devin pour comprendre ce que cela deviendra.

Il est donc nécessaire d’amender ce projet [2] en conservant le jardin Jean XXIII et le Mémorial de la Déportation comme ils étaient encore récemment et en fermant également la nuit la partie du jardin entre la cathédrale et la Seine. Il faut également garder le dessin et les plantations qui faisaient de cet endroit l’un des seuls encore à peu près préservé des lubies des élus municipaux. L’un des plus anciens squares de Paris (né sous la Monarchie de Juillet) et l’un des plus récents, dédié au souvenir de l’holocauste, devraient inciter à davantage de respect et de modestie.

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