L’église Saint-Jacques d’Abbeville toujours plus menacée

Victor Delefortie
Eglise Saint-Jacques
Abbeville
Etat le 7/5/10
Photo : Didier Rykner
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9/10/10 – Patrimoine – Abbeville, église Saint-Jacques – Nous avions été les premiers, en dehors de la presse régionale, à parler de l’église Saint-Jacques d’Abbeville et des graves menaces qui pèsent sur sa survie (voir l’article). On aurait pu penser, au début de l’été, que la situation allait s’améliorer. En effet, selon le collectif Saint-Jacques, association de protection de l’église, le maire avait annoncé « que le clos devrait être assuré pour cet hiver » afin de pouvoir réfléchir à son sort sans se précipiter pour le détruire [1]. C’était faux. Rien n’a été fait pour empêcher les intempéries de s’introduire par le trou dans la toiture. En réalité, la mairie semble vouloir mettre tout le monde devant le fait accompli en permettant la ruine définitive de l’édifice. Une rumeur circulait sur sa démolition prévue pour le 6 octobre, qui n’a pas eu lieu. Nous avons appelé la mairie qui nous a simplement dit n’avoir pris encore aucune décision. On peut en douter.

Le Figaro a relayé les inquiétudes des abbevillois dans un article paru le 5 octobre dernier. On y lit qu’Yves Lescroart, secrétaire général du patrimoine cultuel au ministère de la Culture et conservateur du patrimoine, aurait déclaré : « Saint-Jacques a une belle allure [...] et représente un certain intérêt architectural. Mais elle ne mérite tout de même pas d’accéder au statut de monument historique. » Or, celui-ci nous a fait savoir que ses propos n’avaient pas été bien retranscrits puisqu’il voulait dire en réalité que « l’église St Jacques d’Abbeville est d’un certain intérêt architectural, mais que celui-ci ne saurait cependant lui permettre d’accéder automatiquement au statut de monument historique. » Il précise que : « ce statut ne peut lui être éventuellement conféré qu’après l’avis de la ou des commissions compétentes, au niveau régional voire national » et que « quand bien même cette église ne serait pas protégée, l’édifice ne mérite pas pour autant d’être condamné ». Il ajoute enfin que : « le patrimoine digne d’intérêt ne se limite pas aux seuls monuments historiques... Et le ministère de la culture a pendant près d’un quart de siècle alimenté une ligne budgétaire réservée au Patrimoine Rural Non Protégé (PRNP), qui a principalement contribué à la restauration de plusieurs milliers d’église. Cette ligne budgétaire a ensuite été transférée aux départements vers 2005 ; si mes souvenirs sont exacts. »

Les photos suffisent à montrer l’intérêt de cet église, l’un des rares monuments de la ville a avoir survécu aux deux guerres mondiales. Elle mérite largement l’inscription aux monuments historiques et certainement pas d’être victime du vandalisme municipal. Il faudra, si l’église est finalement détruite, se rappeler du nom du maire qui en sera responsable : Nicolas Dumont.

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