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Une dation de soixante-quinze pièces de Sèvres pour Versailles
3/9/23 - Acquisition - Versailles, Musée national du château - Habituées à procéder par petites touches, au gré des opportunités du marché de l’art puis des bonnes volontés des collectionneurs, les équipes de Versailles ont appris à s’armer de patience lorsqu’il s’agit de reconstituer les collections de porcelaines naguère abondantes au château. Longtemps accoutumés aux tables dégarnies, les visiteurs découvrent au fil des années le salutaire dynamisme d’une politique d’acquisition aussi tardive que pertinente, fréquemment saluée dans La Tribune de l’Art (voir cette brève et cet article). Annoncée au début de l’été, l’arrivée providentielle d’un ensemble de soixante-quinze pièces (ill. 1) a donc naturellement fait l’effet d’une manne céleste, d’autant que celui-ci est issu de l’un des plus jolis services produits au sein de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres à la fin du XVIIIème siècle.
- 1. Vue d’ensemble des soixante-quinze pièces du service à perles et barbeaux entrées par dation au château de Versailles au printemps 2023
Photo : Christophe Fouin - Voir l´image dans sa page
Les amateurs auront immédiatement reconnu leur provenance royale : il s’agit du mythique service « à perles et barbeaux » commandé par Marie-Antoinette à l’été 1781. Probablement destinées au Petit Trianon, les deux-cent-quatre-vingt-quinze pièces du service furent livrées à la souveraine à partir du 2 janvier 1782, lors de l’exposition annuelle qui se tenait à Versailles. L’exceptionnel décor champêtre choisi par la reine se compose de bouquets et de semis de barbeaux (l’ancien nom du bleuet) soulignés par deux rangs de perles peints sur un bandeau à fond vert olive dit « merde d’oie ». Simple mais raffiné, ce décor correspond idéalement au goût de la reine Marie-Antoinette.