Chartres : son patrimoine à la dérive, ses projets pharaoniques et inutiles

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La fermeture du Musée des Beaux-Arts de Chartres a mis en évidence la curieuse politique patrimoniale de son maire (et candidat à la présidentielle !) Jean-Pierre Gorges. Cela nous a incité à nous pencher sur l’état des monuments historiques de la ville dirigée par celui qui se vante de consacrer 38% de son budget à la culture. On ne sait exactement ce qu’il entend par culture, ni où va cet argent, mais manifestement pas là où il y a des besoins. L’état de deux des églises anciennes de sa ville est extrêmement préoccupant, pour ne pas dire désolant. Quant à ses projets « patrimoniaux » pharaoniques : la création d’un « centre d’interprétation de la cathédrale » sur le parvis de Notre-Dame, et la reconstruction de la porte Guillaume, dynamitée par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale, ils sont plus absurdes et nuisibles l’un que l’autre.
Signalons en préambule que, bien entendu, nous nous sommes rendu à Chartres, à deux reprises, pour enquêter. Et que, bien entendu, nous avons demandé à la ville de nous montrer son patrimoine et de nous accompagner dans les édifices dont certains sont inaccessibles. Et que, bien entendu, nous n’avons eu aucun rendez-vous sous le prétexte que la conservatrice du musée n’était pas disponible (une réponse donc parfaitement hors sujet).


1. Église Saint-Pierre
Chartres
Photo : Didier Rykner
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2. Nef de l’église Saint-Pierre
Chartres
Photo : Didier Rykner
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L’église Saint-Pierre

3. Jean Mosnier (1600-1656)
Nativité
Huile sur toile -
Chartres, église Saint-Pierre
Photo : Didier Rykner
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Cette église (ill. 1 et 2) est dans un tel état qu’on se croirait dans une église parisienne, en pire. C’est dire.
D’une part, son mobilier a presque entièrement disparu. Le banc-d’œuvre du XVIIIe siècle, est stocké en morceaux dans les réserves du musée, en attendant d’être restauré et remonté. Les tableaux - dont un Claude Vignon - sont conservés au même endroit (remarquons que désormais le musée est une immense réserve non visitable) et certains sont roulés (on voit tout de même un très beau Jean Mosnier - ill. 3). Des morceaux de l’ancien jubé, entreposés depuis une quarantaine d’années dans une chapelle latérale (ill. 4 et 5), se sont gorgés de sels provenant du mur contre lequel ils étaient posés. Lors de notre visite, ils étaient en cours d’enlèvement par des restaurateurs travaillant pour la DRAC. S’agissant d’un dépôt de l’État, c’était à la commune, dépositaire, de prendre en charge leur présentation et leur entretien. Depuis quarante ans, rien n’a été fait, et pas davantage ces quinze dernières années depuis l’arrivée à la tête de la ville de Jean-Pierre Gorges. Finalement et certainement trop tard, la DRAC a décidé de les récupérer pour les faire restaurer et les déposer au Musée de la Renaissance à Écouen. Ils sont hélas dans un état pitoyable alors qu’ils sont dus à François Marchand, le même artiste en partie auteur des sculptures du tour du chœur de la cathédrale.


4. François Marchand (?-1551)
Fragment de l’ancien jubé de l’église Saint-Pierre de Chartres
après 40 ans posé contre le mur du fond et remontée de sels
Photo : D. R.
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5. François Marchand (?-1551)
Fragment de l’ancien jubé de l’église
Saint-Pierre de Chartres (détail)
après 40 ans posé contre le mur
du fond et remontée de sels
Photo : D. R.
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Il ne s’agit pas du seul point de comparaison avec la cathédrale. L’église Saint-Pierre conserve un ensemble de vitraux médiévaux remarquables (ill. 6 et 7), même si la majorité d’entre eux sont du XIVe siècle plutôt que du XIIIe. Ces vitraux sont gravement menacés : aucune protection extérieur n’a été installée, ils sont ainsi soumis à tous les aléas climatiques. Si une catastrophe majeure a jusqu’ici été évitée - certains sont tout de même brisés ponctuellement - ils ont besoin d’une restauration fondamentale que la mairie s’est toujours refusée à mener.


6. Chartres, début du XIVe siècle
Vie de sainte Catherine d’Alexandrie et Vie de sainte Agnès
Vitraux
Chartres, église Saint-Pierre
Photo : Didier Rykner
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7. Chartres, vers 1300
Vitraux de l’abside
Chartres, église Saint-Pierre
Photo : Didier Rykner
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Une partie de la nef est occupée par un filet pour protéger les fidèles de la chute de pierres, en raison du mauvais état du monument et ce filet empêche de bien voir une partie des vitraux (ill. 8 et 9).


8. Filet dans la nef de l’église Saint-Pierre
Aucun numéro de trapèze volant n’y est pourtant organisé...
Photo : Didier Rykner (17 janvier 2017)
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9. Filet dans la nef de l’église Saint-Pierre
Photo : Didier Rykner (17 janvier 2017)
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Du côté ouest de l’église, le sol du porche-clocher a fait l’objet au début des années 1990 de sondages archéologiques. Depuis, tout cela est resté tel quel. Or si la présentation des fouilles pouvait avoir un intérêt ponctuel, rien ne justifie de laisser ainsi cette partie de l’église, les structures découvertes n’ayant pas beaucoup d’intérêt (ill. 10). Les tomettes qui recouvraient le sol sont encore stockées dans la même chapelle où étaient conservés les fragments du jubé.
Si l’on pensait trouver à l’autre extrémité de l’église, c’est-à-dire dans la chapelle axiale du déambulatoire, un meilleur état, on se tromperait lourdement. On y voit une statue de la Vierge par Charles-Antoine Bridan, également auteur de L’Assomption du chœur et de plusieurs autres statues de la cathédrale - nouveau point commun entre Saint-Pierre et Notre-Dame, dans un environnement désolant. Les fenêtres sont bouchées par des verres dépolis et des carreaux dans une matière difficile à déterminer. Déshonorant dans un tel lieu (ill. 11).


10. Excavations archéologiques dans le porche-clocher de
l’église Saint-Pierre, état depuis le début des années 1990
Photo : Didier Rykner
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11. Chapelle axiale du déambulatoire de l’église Saint-Pierre
Au centre, Vierge par Antoine-Charles Bridan
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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Nous n’aurons garde d’oublier dans la partie gauche du déambulatoire un « chantier interdit au public » (ill. 12), en réalité un affaissement du sol dû aux inondations du printemps dernier. Les paris sont ouverts sur la date à laquelle des travaux y seront effectués, on peut augurer que ce ne sera pas demain. Nous ne parlerons pas du reste des murs (ill. 13) et des piliers de l’église qui se trouvent, là encore, dans un état de dégradation avancée.


12. Entrée d’une chapelle du déambulatoire
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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13. Mur d’un bas-côté de l’église Saint-Pierre de Chartres
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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L’église Saint-Aignan

14. Peintures murales décoratives dans la nef de
l’église Saint-Aignan de Chartres
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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Cet édifice conserve des vitraux du XVIe siècle, et du XIXe de l’atelier Lorin de Chartres. Si ceux-ci apparaissent plutôt bien conservés, on ne peut assurément pas en dire autant des peintures murales du XIXe siècle, d’assez belle qualité (commandées en 1866 à l’entreprise locale Grenouillot selon un cartel explicatif), qui couvrent l’édifice, et qui sont très abimées. Tant les parties purement décoratives (ill. 14) que les scènes figurées au revers de la façade (ill. 15 et 16) sont dans un état plus qu’inquiétant : si rien n’est fait dans les prochaines années, il n’y aura bientôt plus grand chose à sauver. On pourra comparer l’action de la mairie de Chartres - c’est-à-dire rien - à celle de Montargis dont nous décrivions récemment les belles restaurations du décor intérieur de son église (voir la brève du 29/7/16).

On notera également dans Saint-Aignan le très beau plafond peint, qui semble heureusement plutôt en bon état, une élégante chaire sculptée du XIXe siècle et un buffet d’orgue de la même époque. Restaurée, cette église serait un atout supplémentaire pour le tourisme à Chartres.


15. Deux anges
Peinture murale au revers de la façade
de l’église Saint-Aignan de Chartres
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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16. Saint Évêque
Peinture murale au revers de la façade
de l’église Saint-Aignan de Chartres
État le 17 janvier 2017
Photo : Didier Rykner
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L’église Saint-Martin-du-Val et la collégiale Saint-André

Pour visiter ces églises, nous avions besoin de l’autorisation de la mairie. Nous n’avons donc pas pu les voir. Il semble néanmoins que ces deux édifices, s’ils pourraient être mieux mis en valeur, ne sont pas en péril. La collégiale Saint-André est désaffectée depuis longtemps et sert désormais de lieu d’exposition d’ « art contemporain », particulièrement médiocres selon divers témoignages et ce que nous avons pu voir sur internet (voir par exemple ceci ou celà). Une trentaine de baies sont fermées par des matériaux bas de gamme et mériteraient sans doute d’être mieux traitées, surtout dans la ville du vitrail.

Quant à l’église Saint-Martin-du-Val, elle a pu bénéficier de travaux de réfection de couvertures en 2010, et d’une mise aux normes électriques en 2013. Le clos et le couvert sont assurés. Des fouilles ont été menées dans la nef et sont encore en cours actuellement. Le sol est donc toujours excavé, une partie du mobilier est resté sur place et l’autre partie est au musée.

La porte Guillaume

Il s’agit là d’un des deux projets les plus délirants de la municipalité. Il est nécessaire tout d’abord de faire un peu d’histoire. La porte Guillaume était une belle et imposante porte fortifiée à l’entrée de la ville, datant des XVe et XVIe siècles, qui remplaçait celle construite à la fin du XIIe siècle. Des photographies anciennes (ill. 17) nous montrent comment se présentait ce monument, classé M. H. en 1911. Dans la nuit du 15 au 16 août 1944, la porte est dynamitée par les Allemands. Il n’en reste aujourd’hui que quelques vestiges que nous pouvons voir sur notre photo (ill. 18).


17. Porte Guillaume de Chartres avant sa destruction en 1944
Photo ancienne
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18. Porte Guillaume de Chartres
État actuel
Photo : Didier Rykner
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Jean-Pierre Gorges a décidé de la reconstruire à l’identique ! On est ici dans le même genre de délire que celui de ceux qui veulent reconstruire la flèche de Saint-Denis, voire le château des Tuileries. Une association a même été créée, qui proclame que la majorité des pierres sont encore conservées. Une partie l’est, exposée à l’air libre depuis 70 ans, comme le montre cette photo. Comme si un monument dynamité était un jeu de lego détruit par un galopin à coup de pied et qu’il s’agirait juste de remonter !
De plus, même si l’on connaît l’aspect extérieur de la porte, celui de l’intérieur, on ignore à quoi ressemblait exactement le côté ville, aucune photo ne venant la documenter. Un détail sans doute. Comment peut-on seulement songer à lancer un tel chantier de reconstruction ex-nihilo d’un monument ayant en grande partie disparu alors qu’on laisse s’écrouler la plus belle de ses églises et son musée des Beaux-Arts ? Voilà une question à laquelle nous n’aurons pas de réponse.
Ajoutons que les vestiges actuels, pourtant très évocateurs et qui devraient suffire au pittoresque du lieu, sont classés, ce qui nécessite l’autorisation du ministère de la Culture. Une nouvelle fois, alors qu’il suffirait d’un non ferme et définitif, le ministère s’est couché devant les exigences d’un élu local. D’abord repoussée par la Commission nationale des monuments historiques, le projet est revenu devant elle, et a obtenu le feu vert, et l’autorisation de Fleur Pellerin ! Pour l’instant, le ministère de la Culture n’a pas prévu de subventionner le projet, mais le maire ne renonce pas à obtenir de l’argent de l’État. Celui-ci a déjà cédé une première fois, il est à craindre qu’il poursuive dans cette voie.

Le centre d’interprétation de la cathédrale

Si la reconstruction de la porte Guillaume ne bénéficiera pas, en l’état actuel du dossier, de la manne de l’État, il n’en va pas de même du deuxième projet pharaonique du maire en terme « culturel », un mot que nous mettons entre guillemet car il n’y a en réalité rien de vraiment culturel dans le « centre d’interprétation de la cathédrale » qui sera semi-enterré sous le parvis (ill. 19) s’il voit le jour. La ville demande déjà 750 000 € à l’État, et autant à la région Centre-Val-de-Loire [1].


19. Parvis de la cathédrale de Chartres
État actuel
Photo : Didier Rykner
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20. Projet de Centre d’interprétation de la cathédrale de Chartres
© Forma6
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En général, un équipement est construit pour répondre à un besoin. Le contenu est défini avant de chercher ou créer le contenant. Ce type de considération n’intéresse pas Jean-Pierre Gorges, le maire bâtisseur ! La cathédrale lui échappe car elle appartient à l’État. Qu’à cela ne tienne, on ira chercher les visiteurs pour leur permettre d’« interpréter » ce qu’ils auront vu ou ce qu’ils iront voir. Mais avec quelles œuvres ? Malheureusement pour lui, celles-ci, comme les morceaux du jubé ou le trésor, appartiennent à l’État qui va les réinstaller dans la chapelle Saint-Piat (voir notre article).
Il n’y a rien, ou presque à mettre dans ce centre, il faudra donc créer du « multimédia », des animations, des attractions autour du concept de cathédrale. Il s’agit même de suivre les fouilles « en direct », les archéologues travaillant sous le regard des visiteurs. On avoue, là, avoir du mal à comprendre. Car pour construire ce centre, il faudra déjà avoir fouillé [2] (on ne construit pas pour fouiller ensuite). En admettant même qu’il puisse rester encore des vestiges archéologiques à explorer, les fouilles sous le regard du public - également les samedis et dimanches donc - n’auront forcément qu’un temps. Et que fera-t-on lorsque tout aura été fouillé ? On organisera de faux chantiers de fouilles, avec des acteurs jouant le rôle des archéologues ? Tout cela est purement et simplement grotesque.

21. Projet de Centre d’interprétation de la cathédrale de Chartres
© Forma6
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Pour abriter cela, un projet a déjà été retenu, dû au cabinet d’architectes nantais Forma6 (ill. 20) qui a même obtenu l’accord de la Commission nationale des monuments historiques section « abords » ! Une espèce de dalle minérale qui monterait en s’éloignant de la cathédrale et dont les côtés sont entièrement vitrés (ce qui occasionnera une luminosité peu compatible avec le multimédia, et encore moins avec la conservation d’œuvres d’art fragiles - ill. 21). Cette architecture, qui ressemble vaguement à celle d’un parking, est d’une médiocrité effarante, en face d’une des plus belles cathédrales du monde.

Une première estimation chiffre ce projet à 15 millions d’euros (rappelons que le Palais épiscopal et Saint-Pierre tombent en ruine). Il faut dire que le maire voit grand : il attend en effet 300 000 visiteurs ! Ce qui est tout simplement impossible. Il suffit de comparer avec d’autres lieux d’exposition permanente liés à un grand monument pour constater qu’au mieux (mais alors vraiment au mieux), quelques pourcents des visiteurs sont captés par ce satellite. Un seul exemple, équivalent, est édifiant : Notre-Dame de Paris compte environ 14 millions de visiteurs, et la crypte archéologique en reçoit moins de 200 000, soit à peine 1,5% ! En supposant que le centre d’interprétation soit un peu plus visible que ne l’est la crypte de Paris, combien pense-t-on que du multimédia pourra attirer de visiteurs payants quand ceux-ci viennent, avant tout, pour voir la cathédrale, et éventuellement pour monter dans ses tours ? 5% serait déjà un résultat très honorable. Ce qui ferait environ 50 000 visiteurs par an. Soit six fois moins que le chiffre escompté. Signalons d’ailleurs qu’un autre « centre d’interprétation » géré par la mairie existe déjà : le « Centre international du vitrai », non loin de la cathédrale, et qui ne reçoit que 10 000 visiteurs payants. Comment les deux lieux s’articuleront-ils ? Mystère…
Il s’agit d’un projet mégalomane et creux, cher et stupide. Comment le ministère de la Culture peut-il se prêter à pareille mascarade et y participer financièrement au détriment des travaux de restauration urgents nécessaires un peu partout ?

Monsieur 38%

22. Rue des Écuyers, à Chartres : les maisons à droite et
à gauche, au fond, pourraient retrouver leurs pans
de bois, comme celles du premier plan
Photo : Didier Rykner
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Nous pourrions encore parler de plusieurs sujets. D’abord la maison Picassiette, chef-d’œuvre de l’art brut à la manière du palais du Facteur Cheval. Cette maison, en morceaux de verre et de faïence, construite par Raymond Isidore, se détériore inexorablement ; un projet de mise à l’abri avec couverture pérenne existe, mais sans que rien ne soit fait. Le secteur sauvegardé ensuite où certaines rues pourraient être restaurées en ôtant les crépis qui défigurent les façades et retrouver leurs pans de bois (ill. 22). Le projet de nouvel hôtel de ville enfin, autour de l’ancien hôtel Montescot, qui va enserrer ce beau monument du XVIIe siècle dans un ensemble architectural médiocre de Wilmotte… Nous aurons sûrement l’occasion de revenir sur Chartres.
Le maire proclame partout qu’il consacre 38% du budget de la ville à la Culture. N’ayant pas été reçu par la ville comme nous le souhaitions, nous n’avons pas le détail de ces dépenses. Nous nous basons donc sur ce que nous avons vu, qui démontre que le patrimoine et les musées ne sont certainement pas la priorité de cette municipalité.
Pour être juste, nous avons néanmoins identifié deux dossiers qui semblent bénéficier de vrais budgets. Le premier débouche sur des actions concrètes et appréciables : la restauration et la numérisation des manuscrits de la bibliothèque municipale, aujourd’hui médiathèque. 960 manuscrits sur 2000 avaient pu être sauvés de l’incendie de la bibliothèque après un bombardement en 1944. Ces œuvres ont pu être restaurées, identifiées, consultées et numérisées. On peut lire sur le site dédié créé par l’Institut de recherche et d’histoire des textes l’histoire de ce sauvetage qui a associé cet institut, la BnF, la DRAC Centre, la Direction générale des médias et des industries culturelles du ministère à la Médiathèque de Chartres.

Le second, c’est l’archéologie. Le maire est très fier de son équipe de 53 archéologues, ce qui est effectivement énorme et même surdimensionné pour une ville de cette taille. Mais qu’en fait-il ? Il est certes utile d’effectuer des fouilles, et ce n’est pas nous qui dirons le contraire. Mais à quoi servent-elle quand le bâti s’effondre et quand les musées ferment ? Il n’y a d’ailleurs pas de musée archéologique à Chartres, et aucun lieu pour voir des objets archéologiques. Nous avons appelé l’office du tourisme qui nous a indiqué qu’il y avait une maison de l’archéologie, et que celle-ci organisait ponctuellement des conférences et des ateliers en direction des enfants. Fort bien. Mais le manque d’ambition pour la ville aux 53 archéologues et aux 38% du budget pour la culture est patent. On a vraiment l’impression que le service archéologique n’est là que pour justifier les grands travaux du maire : le projet de reconstruction de la porte Guillaume, qui a occasionné un important chantier de fouilles, et le centre d’interprétation de la cathédrale et ses fouilles permanentes effectuées sous le regard des visiteurs.

Mais tout cela ne s’explique-t-il pas, finalement ? En n’entretenant pas le patrimoine, Jean-Pierre Gorges travaille au fond pour les archéologues du futur qui se pencheront sur les restes des monuments chartrains en s’interrogeant longuement sur ce qui a pu causer leur ruine… Un service de 53 personnes ne sera pas de trop.

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