Aie confiance... ♫♪♬

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« Je fais confiance à mes équipes ». Cette phrase que nous a dite Roselyne Bachelot lors de l’interview qu’elle nous a accordée début décembre, nous l’avons déjà rappelée à plusieurs reprises, pour lui démontrer que cette confiance, qui lui fait honneur, était pourtant mal placée. Il est curieux qu’une vraie politique comme elle ne se rende pas compte quand son administration la conseille mal ou se révèle incompétente...


1. Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Toujours pas récupéré par le ministère, depuis près de six ans !
Photo : SVV Tajan
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2. Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin (1591-1666)
La Gloire de tous les saints, fragment
Huile sur toile - 49,5 x 66 cm
Toujours pas récupéré par le ministère, depuis près de six ans !
Photo : SVV Tajan
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Nous publierons très bientôt un nouvel exemple de cette inefficacité effarante. En attendant, nous ne pouvons pas abandonner le dossier des deux fragments du grand tableau du Guerchin jadis à Notre-Dame et qui nous occupent depuis 2015. Si les services du ministère avaient consacré la moitié du temps que nous avons passé à suivre cette affaire, celle-ci, qui ne présente d’ailleurs aucune difficulté, serait réglée depuis longtemps.

Alors que nous avions parlé de ces tableaux avant même qu’ils soient retirés de la vente, en 2015, le 11 janvier 2017, soit il y a plus de QUATRE ans, nous interrogions le ministère en expliquant que la maison de vente Tajan nous avait répondu que les tableaux étaient « à la disposition du ministère ». Nous ajoutions : « [Nous] ne comprenons pas qu’on laisse ainsi pourrir une situation qui n’a que trop duré. Ces tableaux doivent et peuvent revenir dans un musée français pour 0 euro. Donc pourquoi ne fait-on rien ? Nous connaissons plein de musées qui seraient intéressés si le Louvre s’en fiche comme manifestement ça a l’air d’être le cas… »
À ce message, le ministère nous répondait (c’était d’ailleurs la dernière fois qu’il nous répondait à ce sujet) : « S’agissant des deux fragments de Guerchin, le service des musées de France a écrit à Tajan pour demander leur retrait de la vente initiale, ce qu’il a obtenu. Le service est depuis en discussion avec les détenteurs afin de procéder au règlement du dossier. Ces fragments font l’objet d’une attention et d’un intérêt soutenus de la part du Ministère. »

Depuis quatre ans donc, le ministère serait donc « en discussion avec les détenteurs afin de procéder au règlement du dossier ». Comme nous l’a confirmé la maison de vente à plusieurs reprises, et encore il y a quelques jours, tout cela est faux : il n’y a aucune discussion avec le ministère puisqu’il n’y a aucun litige en réalité. Comme l’a écrit le Canard Enchaîné il y a deux semaines, les détenteurs de bonne foi souhaitent seulement, et c’est absolument normal, que leur soient remboursés le coût de la restauration des tableaux, et les frais de garde (ces derniers étant d’ailleurs imputables uniquement au ministère de la Culture qui ne fait rien).

Comment expliquer une telle apathie de la part des services du ministère responsables (si l’on peut dire) de ce dossier ? Par un désintérêt pour ces tableaux ou par une totale incompétence ? Les deux probablement, et le désintérêt pour des œuvres du Guerchin est à lui seul signe de leur incompétence. Il faut bien, à un moment, appeler les choses par leur nom. Et cette incompétence s’applique évidemment au plus haut niveau du ministère, soit aux directeurs généraux des patrimoines qui se sont succédé à ce poste depuis 2015 et qui n’ont jamais imposé à ces services de faire leur travail : Vincent Berjot jusqu’en 2018 et Philippe Barbat depuis.

Comment Roselyne Bachelot peut-elle ainsi « faire confiance » alors que tout témoigne, cette affaire et toutes les autres dont nous parlons régulièrement, comme celle de la chapelle Saint-Joseph, que cette confiance est particulièrement mal placée. Il est temps qu’elle s’entoure de fonctionnaires véritablement attachés à leur mission de défendre le patrimoine et les musées. Et il y en a plein, tant dans les services centraux que dans les régions.

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