Une souscription pour Orléans

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31/3/23 - Acquisition et souscription - Orléans, Musée des Beaux-Arts - C’est un très beau tableau (ill. 1), où l’on voit le jeune Bacchus, accoudé sur un parapet, la tête sur la main, regardant fixement le spectateur avec malice. Rien de l’ambiguïté du Caravage ici : le jeune dieu, dont les traits semblent personnalisés, est un jeune enfant joyeux ravi de son déguisement. Une première version peinte en 1820 est conservée en collection particulière, un peu moins aboutie et avec un fond différent [1]. Celle-ci, présentée au Salon de 1822, fut immédiatement achetée par le duc d’Orléans, futur roi Louis-Philippe. Elle était conservée au Palais-Royal lors de l’incendie de 1848, mais fut heureusement sauvée des flammes, puis achetée par l’artiste elle-même, avant d’être vendue à François Marcille, puis de passer par héritage dans la collection d’Eudoxe Marcille, qui fut directeur du Musée des Beaux-Arts d’Orléans entre 1870 et 1890.


1. Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865)
Bacchus enfant, 1822
Huile sur toile - 61 x 50 cm
En cours d’acquisition par le Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Photo : Galerie Talabardon & Gautier
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Doublement lié à l’histoire orléanaise donc, par Louis-Philippe et les Marcille, ce tableau, qui appartient à la Galerie Talabardon & Gautier - qui l’avait présenté à Fine Arts Paris l’an dernier -, n’a pas fait partie des ventes récentes à l’hôtel Drouot, le musée ayant directement souhaité l’acquérir de gré à gré. Mais la commission d’acquisition ne s’étant réunie qu’hier le 30 mars, elle ne pouvait pas lancer officiellement de souscription, et c’est l’association des Amis du Musée d’Orléans qui s’en est chargée. En trois semaines, cet appel aux dons a pu déjà récolter, sans bénéficier d’appels publics ou dans la presse, plus des deux tiers de la somme nécessaire, le prix négocié étant de 45 000 €. La souscription est désormais ouverte à tous et les dons (évidemment déductibles) peuvent être faits à partir de cette page. Il est aussi possible d’envoyer un chèque libellé à l’ordre des Amis des musées d’Orléans, 1 rue Fernand Rabier, 45000 Orléans.


2. François Gérard (1770-1837)
Portrait de Julie Duvidal de Montferrier
Huile sur toile - 47,1 x 38,1 cm
Paris, Maison de Victor Hugo
Photo : Paris Musées (domaine public)
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Julie Duvidal de Montferrier, en plus d’être une très bonne peintre comme cette toile le démontre, avec le fond orange rougeoyant, comme si Bacchus se trouvait devant un coucher de soleil, qui donne une atmosphère romantique à ce sujet pourtant très classique, fut aussi une personnalité de la vie littéraire. Elle n’est autre en effet que la femme d’Abel Hugo, frère de Victor, et donc la belle-sœur de l’écrivain. Élève de Marie-Hélène Godefroid, autre artiste femme de talent d’une époque qui en connut beaucoup, elle passa ensuite dans l’atelier de François Gérard, qui peignit son portrait (ill. 2) conservé aujourd’hui à la Maison de Victor Hugo. On trouve d’ailleurs dans ce musée plusieurs œuvres de sa main, comme au Musée de Bourg-en-Bresse (monastère royal de Brou), qui conserve un tableau représentant sainte Clotilde veillant son enfant malade, qui était présenté à Montargis dans l’exposition sur le Salon de 1824 (voir l’article).

L’objectif du musée est de permettre l’entrée de cette nouvelle œuvre, qui a toute sa place dans les collections orléanaises, uniquement grâce à la souscription populaire. Il est donc désormais possible pour tous de participer à cette vertueuse opération.

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