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Van Eyck. Une Révolution optique
Gand, Musée des Beaux-Arts du 1er février au 30 avril 2020.
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- 1. Jan (vers 1390 - 1441) et Hubert van Eyck (vers 1366/1370 - 1426)
L’Adoration de l’Agneau mystique, 1432
Huile sur panneau
Cathédrale Saint-Bavon, Gand
Photo : www.lukasweb.be - Art in Flanders vzw - Voir l´image dans sa page
L’étymologie du mot con-templation le rend presque désuet : le templum est cet espace délimité par l’augure, à l’intérieur duquel il observe et interprète les présages. Contempler un chef-d’œuvre, c’était regarder quelque chose de sacré et de mystérieux ; du moins sa beauté suscitait-elle un certain recueillement, que la magie numérique a dissipé. Désormais on peut l’ausculter sur écran, zoomer, décortiquer, plonger à l’intérieur. Si elle a bien sûr de nombreux avantages, cette révolution technique a aussi des conséquences un peu tristes, et notamment celle de rendre la rencontre réelle de l’œuvre presque décevante. Du moins ne sait-on plus s’en contenter.
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- 2. Jan (vers 1390 - 1441) et Hubert van Eyck (vers 1366/1370 - 1426)
L’Adoration de l’Agneau mystique, 1432
Volets extérieurs
Huile sur panneau
Cathédrale Saint-Bavon, Gand
Photo : www.lukasweb.be - Art in Flanders vzw - Voir l´image dans sa page
Tel est le sort réservé à L’Agneau mystique de Van Eyck dans l’église Saint-Bavon de Gand (ill. 1). Le public s’agglutine derrière l’épaisse vitre blindée qui le protège - et le gâche -, puis finit par s’attrouper devant l’écran sur lequel défilent en gros plans les différentes parties du polyptyque. Les visiteurs les plus connectés consultent directement le nouveau site internet judicieusement baptisé CloserToVanEyck qui permet de scruter chaque partie du retable. C’est un outil précieux, et traître.
Il faut dire que ce chef-d’œuvre de 1432 a fait l’objet d’une vaste restauration qui s’est avérée beaucoup plus complexe - et coûteuse - que prévu. Il s’agissait seulement, au début, d’enlever un vernis synthétique qui avait été posé lors d’une précédente intervention en 1951 et menaçait la peinture. Mais les restaurateurs ont découvert que la couche picturale originale était en grande partie cachée sous des surpeints du XVIe siècle, antérieurs à la copie du retable effectuée par Michiel Coxcie pour Philippe II à la fin des années 1550. En effet, Lancelot Blondeel et Jan Van Scorel furent chargés de retoucher la peinture vers 1550 ; elle était abîmée seulement par endroits, mais ils la repeignirent beaucoup plus largement et, s’ils respectèrent la création du maître, firent sous leurs pinceaux disparaître de nombreux détails.
Fallait-il ôter ces repeints, qui appartiennent à l’histoire de l’œuvre ? Le choix n’avait rien d’évident. Le résultat pourtant est une réussite. Les restaurateurs ont retrouvé la subtilité des volumes, la minutie des descriptions, l’éclat des couleurs, bref la virtuosité du maître.