Un chef-modèle de Barye acquis par le musée Bonnat-Helleu de Bayonne

11/12/19 Acquisition – Bayonne, Musée Bonnat - La musée Bonnat-Helleu, sous l’impulsion de son directeur Benjamin Couilleaux, confirme sa dynamique d’acquisition (voir la brève du 1/10/19) avec la préemption d’une rare sculpture de Barye représentant une Chimère (ill. 1) pour la somme de 3 250 euros avec les frais [1].


1. Antoine-Louis Barye (1785-1875)
Chimère, vers 1840-1860
Chef-modèle en bronze sur une base en marbre - H. 12 cm
Bayonne, Musée Bonnat-Helleu
Photo : Osenat
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2. Antoine Louis Barye (1795-1875)
Chimère, vers 1840 - 1860
Cire originale montée sur un socle en plâtre, H. 13 cm
Collection particulière
Photo : Osenat
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Le 6 octobre 2019 était en effet proposée chez Osenat à Fontainebleau une vente de plus de 180 numéros issus de la collection d’un amateur dont la passion pour Antoine-Louis Barye serait née, raconte-t-il dans le catalogue, de son installation quai des Célestins, dans l’appartement même de l’artiste.
Parmi de nombreux bronzes animaliers, de qualité inégale, était présenté ce modèle surprenant. Si certains exemplaires étaient déjà passés en vente (comme chez Sotheby’s en 1995 ou chez Christie’s en 2003), il s’agissait toujours de tirages posthumes, dont la taille était variable. Le musée Bonnat-Helleu a ici fait l’acquisition du chef-modèle, finalement le seul exemplaire réalisé du vivant de l’artiste. Il porte d’ailleurs un cartel sur sa base indiquant « bronze inédit ».
Il fut exposé à l’École des Beaux-Arts de Paris lors de l’hommage à Barye en 1875 et figura dans sa vente après décès. Vendu 80 francs avec la cire originale [2] (ill. 2), il entra alors dans la collection Vial. En 1889, une rétrospective Barye fut organisée lors de l’Exposition Universelle et le public put également l’y admirer [3].

3. Antoine Louis Barye (1785-1875)
Détail de la paire de candélabres à neuf lumières
Paris, collection particulière
Photo : CG
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Modèle original dans l’œuvre de Barye, qui bâtit sa renommée sur ses sujets animaliers produits en série dès son vivant, le motif de la chimère se distingue par son caractère fantastique. Il est néanmoins présent dans plusieurs de ses réalisations. Ainsi, le candélabre à neuf lumières, orné en son sommet des Trois Grâces et à sa base des trois déesses du Jugement de Pâris, réalisé en 1840 pour la garniture de cheminée du duc de Montpensier, comporte trois chimères en son centre (ill. 3) [4]. Benjamin Couilleaux nous a également signalé deux modèles de brûle-parfum qui présentent ce motif. Barye a en effet utilisé certaines de ses figures pour les insérer dans des réalisations plus complexes. La fourchette de datation du chef-modèle de la Chimère, qui le situe entre 1840 et 1860, ne permet malheureusement pas de savoir dans quel sens l’artiste a agi. A-t-il remployé un motif ou au contraire l’a-t-il extrait pour en faire un sujet à part entière ?

Le musée Bonnat-Helleu abrite, avec le musée du Louvre, le fonds le plus important de l’œuvre de Barye : cent quatorze sculptures dont trois chefs-modèles, trente-cinq dessins, une peinture et quatre estampes. Ce nouvel achat lui permet d’enrichir de façon judicieuse un ensemble cohérent. En effet, si la politique d’acquisition du musée est grandement orientée vers les artistes originaires de Bayonne, elle est aussi en adéquation avec le legs fait par Léon Bonnat à la ville. Le peintre fut un grand admirateur de Barye dont il réalisa deux portraits. Il le collectionna avec passion, réunissant l’extraordinaire ensemble conservé aujourd’hui dans sa ville natale et que le musée vient d’enrichir de façon significative.

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