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Redon retrouvé. Œuvres et documents inédits

Auteurs : collectif sous la direction de Dario Gamboni, Laurent Houssais, Pierre Pinchon

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L’histoire de l’art est une discipline souvent incomprise. Lequel d’entre nous n’a-t-il pas été confronté à des questions désarmantes après avoir « avoué » se consacrer à cette activité et faire de la recherche ? Au mieux, un certain scepticisme mélangé à quelque vertige se lit-il dans le regard de l’interlocuteur ; au pire, peut-on entendre (j’en témoigne) d’admirables réponses telles que : « Mais que cherchez vous ? Ha ! Vous faites des fouilles ! » ou encore : « Pourquoi pas l’astrologie ?! » (mon oral à Sciences Po Paris, en 1984 !). Derrière cette ingénuité (nous resterons poli) se cache finalement une vérité involontaire : l’histoire de l’art a ceci de merveilleux qu’elle semble inépuisable dans les découvertes qu’elle provoque et les surprises qu’elle réserve. Oui, Madame, oui Monsieur, nous fouillons, tant avec notre cerveau qu’avec nos mains, non seulement archives et œuvres, mais aussi les strates de l’histoire du regard et de la perception du monde. Ainsi, faut-il absolument rappeler qu’aucun artiste, fût-il le plus célèbre, n’échappe à la permanente remise en question que le temps permet d’aiguiser, à la fois du fait que les œuvres apparaissent à chaque génération sous un nouveau jour, mais aussi parce que, en effet, les « fouilles », même sans pelle ni pioche, ni horoscope, révèlent des pans entiers de connaissance.

Le cas de Redon est à cet égard exemplaire. Combien d’expositions, d’ouvrages, d’analyses, de corpus documentaires, ont été dévolus à ce génie en plus d’un siècle ? Et pourtant, comme si le mystère revendiqué qui règne dans ses œuvres se devait d’avoir pour corollaire un autre mystère, celui d’une partie de sa vie, il existait une masse archivistique, dont l’existence était connue de tous, mais qui restait en très grande partie inaccessible par le hasard des successions et la volonté de ses propriétaires, les descendants de Gustave Fayet. Il n’y a pas lieu de faire ici la généalogie détaillée de l’héritage Redon (on la trouvera dans l’ouvrage) ; disons simplement que, désormais, grâce aux héritiers d’aujourd’hui, ces archives s’ouvrent progressivement sous la houlette du Musée d’Art Gustave Fayet à Fontfroide (MAGFF). C’est donc cette masse de connaissances nouvelles qui permet de « retrouver » l’artiste en ajoutant ou modifiant bien des choses à sa compréhension. L’exposition sur les paysages de Redon, présentée à Bordeaux et Quimper en 2016-2017 et le colloque organisé à Bordeaux toujours en 2016 avaient déjà bénéficié partiellement de ces données inédites. C’est aujourd’hui un ouvrage monumental qui permet d’exploiter plus avant les archives révélées.

Loin de se présenter comme un austère opus qui décortiquerait les quatorze cartons de « papiers Redon » non encore définitivement inventoriés, Redon retrouvé n’est pas un livre uniquement focalisé « sur » ces nouvelles sources, mais bien une réécriture de bien des aspects de la vie et de l’art du maître à la faveur de…

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