Nancy, comme Paris...

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Alors que la disparition de Paris est toujours plus évidente à l’approche des Jeux Olympiques dans la ville gérée (si l’on ose employer ce terme) par Anne Hidalgo, celle-ci ne cesse de faire des émules en province, malgré le rejet toujours plus grand de sa politique. Il suffit de regarder ce qu’est en train de devenir Nancy, pourtant l’une des plus belles villes françaises malgré les destructions qui l’ont frappée dans les années 1960.


1. La place Stanislas à Nancy
Photo : Berthold Werner (CC BY-SA 3.0)
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Rappelons qu’une grande partie de la cité est - théoriquement - protégée par un secteur patrimonial remarquable et est même inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Des protections dérisoires en réalité (rappelons-nous l’affaire du Musée Lorrain qui n’est hélas pas terminée) si les administrations en charge de la protection du patrimoine - le ministère de la Culture et ses antennes locales, les DRAC - se refusent à jouer leur rôle. Et c’est hélas ce que l’on peut constater à Nancy, notamment à proximité de la place Stanislas (ill. 1).

Hidalgo veut végétaliser Paris et la place de la Concorde. Quoi d’étonnant finalement si Mathieu Klein, le maire de Nancy, qui a soutenu la maire de Paris et fut l’un de ses porte-paroles dans sa brillante campagne pour les présidentielles, veut suivre son exemple en « végétalisant » Nancy et la place Stanislas ?
C’est en cours, et même à proximité immédiate de la place (ill. 2 et 3). Des jardinets plantés viennent bloquer la vue sur la place et rompre l’unité des architectures. Ne pas comprendre que l’urbanisme est un art et qu’il faut des arbres et des plantes évidemment, mais pas n’importe où, semble une caractéristiques de certains édiles qui croient faire œuvre écologique.


2. Vue sur la place Stanislas, de la rue Gambetta, avec la végétalisation
Photo : La Tribune de l’Art
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3. Vue sur la place Stanislas, de la rue des Dominicains, avec la végétalisation
Photo : La Tribune de l’Art
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Écoutons ce que dit, dans La Semaine de Nancy du 20 juillet 2023, Laurent Watrin, adjoint écologiste « à la démocratie coopérative, à l’innovation des politiques publiques et à la ville numérique » (rien que ce titre à rallonge fleure bon l’administration parisienne) : « À titre personnel, j’aimerais que nous bataillions davantage avec les architectes des Bâtiments de France pour dépasser le cadre règlementaire sur la végétalisation dans le secteur patrimonial remarquable. Il faut passer à la vitesse supérieure. C’est un vrai sujet ».
Les ABF, voilà les ennemis, désignés sans relâche par tous les politiques qui ne rêvent que de vandaliser les villes dont ils sont les élus ! Pourtant, ces ABF sont déjà tellement contrôlés par les préfets qu’il ne leur reste objectivement plus beaucoup de pouvoirs dans bien des endroits. Mais c’est encore trop. Il faut vé-gé-ta-li-ser vous dit-on, pour sauver la planète. Et c’est bien ce que veut faire la municipalité nancéienne.


4. La place Stanislas avec un « jardin éphémère », en novembre 2016
Photo : Didier Rykner
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5. La place Stanislas avec un « jardin éphémère », en novembre 2016
Photo : Didier Rykner
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C’est cela dont il est désormais question pour la place Stanislas dont seuls des incultes complets peuvent penser qu’elle a été conçue pour y planter des arbres et en cacher les façades. À la question « Qu’est-ce que vous entendez par là ? Planter des arbres place Stanislas, comme on commence à l’entendre, par exemple ? », Laurent Watrin répond : « Il faut passer aux actes et s’adapter face aux règlements contradictoires […] ce courage politique local doit être martelé et subir un coup d’accélérateur. Je suis certain que c’est dans l’esprit de Mathieu Klein et de la première adjointe au maire de Nancy, Isabelle Lucas ». Le pire, c’est que nous aussi, il suffit de voir chaque année, pendant un mois et depuis plus de vingt ans, un « jardin éphémère » (ill. 4 et 5) qui n’a rien à envier aux installations parisiennes, s’installer sur la place, sous les fenêtre de l’Hôtel de Ville. La végétalisation est en marche, nous sommes sauvés !

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