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Luxes

Paris, Musée des Arts décoratifs, du 15 octobre 2020 au 18 juillet 2021.

Qu’est-ce que le luxe, sinon le superflu ? Et en un sens, cette exposition épouse merveilleusement son sujet en l’étant elle aussi : superflue. Elle effleure quelques thèmes et en ignore beaucoup. Mais ce survol, c’est l’essentiel, est effectué avec des plumes haute couture qu’on a pu voir dans les derniers défilés de mode, ceux de Koché ou de Pierre Hardy (ill. 1). Les objets d’art vieillots des siècles passés ne sont plus assez scintillants et sentent la naphtaline, cela explique sans doute qu’on les ait relégués sur le côté, dans une enfilade de petits salles sombres, tandis que la grande nef est réservée au déploiement somptueux de la mode contemporaine, beaucoup plus « instagramable ».


1. Vue de l’exposition
Sneakers Pierre Hardy, 2014
Look 60, Koché, 2010
Paris, Musée des Arts décoratifs
Photo : bbsg
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Le trésor de Boscoreale et le coffret Mangot prêtés par le Musée du Louvre ne pouvaient pas rivaliser avec les deux robes monumentales de Balenciaga et de Guo Pei, l’une en panne de velours bleue, l’autre en soie et fils d’or, dont les photos circulent sur les réseaux sociaux, seules images que l’on retiendra de cette exposition (ill. 2 à 5). Les deux chefs-d’œuvre du Louvre sont donc parqués dans des recoins, noyés dans un discours très vague, pas new wave, seulement vague ; un discours réduit aux petits textes d’introduction de chaque section, qui réussissent à ne rien dire tout en étant bavards. Les objets eux-mêmes ne sont accompagnés d’aucun commentaire, ce qui finalement est assez cohérent puisque le silence est d’or, donc luxueux.
Ainsi le visiteur, en observant les quelques éléments du trésor de Boscoreale présentés dans une vitrine, ne saura pas qu’il se compose en tout d’une centaine de pièces découvertes dans l’ancienne villa de Boscoreale, près de Pompéi. Il ne saura pas qu’il témoigne du talent des orfèvres romains du Ier siècle avant J.-C. au Ier siècle après J.-C., et de leur maitrise admirable des techniques du martelage et du repoussé. Quant à Pierre Mangot il doit être tellement célèbre qu’il n’est apparemment pas nécessaire de le présenter, comme on ne présente plus Coco Chanel ou Karl Lagerfeld dans la seconde partie de la visite. Tout le monde sait - évidemment - qu’il fut l’orfèvre de François Ier. Et le coffre qu’il a réalisé s’offre tout simplement à la contemplation. À quoi bon préciser que la nacre qui le décore était fort coûteuse à l’époque et que sa monture en argent résume le savoir-faire de l’orfèvrerie française à la Renaissance ?


2. Vue de l’exposition
Robe de Guo Pei, Magnificent Gold 2006
Photo : bbsg
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3. Vue de l’exposition
Pierre Mangot
Coffret de nacre, 1532-1533
Lamelles de nacre sur âme de teck, argent doré, prime d’émeraude, grenats, intailles de cornaline et d’agate - 28,3 x 40,8 x 27,3 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : bbsg
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On a le sentiment qu’après…

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