Lunéville, près de vingt ans après

Alors que nous disons par ailleurs (voir l’article) tout le bien que nous inspire l’exposition du château de Lunéville sur la sculpture du XVIIIe siècle, couplée à celle de Nancy sur les Adam, il est impossible de ne pas évoquer l’état du monument, près de vingt ans après l’incendie qui l’a frappé en janvier 2003.


1. Chapelle du château de Lunéville après sa restauration et avec un filet pour sécuriser (état actuel)
Photo : Didier Rykner
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2. Chapelle du château de Lunéville après sa restauration et avec un filet pour sécuriser (état actuel)
Photo : Didier Rykner
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Contrairement en effet à ce qu’affirme sa page Wikipedia, la restauration totale du château ne sera pas terminée en 2023. Bien loin de là. Même la chapelle, qui avait pourtant été restaurée entièrement - une restauration d’ailleurs exécrable, avec des couleurs absurdes (ill. 1) - se délite déjà, le plafond étant couvert de filets (ill. 2). On pourra néanmoins y admirer, en lien avec l’exposition, les têtes de chérubins sculptées par François Dumont (ill. 3 et 4).


3. François Dumont (1688-1726)
Têtes de chérubins
Plâtre
Lunéville, château (chapelle)
Photo : Didier Rykner
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4. François Dumont (1688-1726)
Têtes de chérubins
Plâtre
Lunéville, château (chapelle)
Photo : Didier Rykner
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5. François Dumont (1688-1726)
Trophée d’armes
Plâtre - 110 x 190 cm
Lunéville, château (salle des trophées)
Photo : Didier Rykner
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Les appartements ducaux dans l’aile sud, s’ils ont été sécurisés et stabilisés après l’incendie, et si leurs toitures ont été refaites, sont pourtant restés dans le même état de dévastation malgré les annonces régulières d’une restauration prochaine. Les visiteurs de l’exposition pourront en partie y entrer, accompagnés par un guide, pour y voir certains dessus-de-porte sculptés par François Dumont (ill. 5). Ils constateront alors que les dégâts, quoique très importants, pourraient être en grande partie effacés (ill. 6 et 7). Outre les décors sculptés, les cheminées et les boiseries ont en effet largement pu être préservées. Les boiseries ont été déposées, les cheminées sont coffrées pour les protéger, les corniches ont été stabilisées... Par chance, il n’y avait pas de décors peints.


6. Salon (dit aussi salle des Trophées) du château de Lunéville, avant l’incendie
Photo : Base Mémoire, Inventaire général
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7. Salon (dit aussi salle des Trophées) du château de Lunéville, après l’incendie
Photo : Didier Rykner
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Escalier nord du château de Lunéville dont la restauration est prévue
Photo : Didier Rykner (septembre 2020)
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Comment peut-on tolérer une telle situation ? Tout est prêt pourtant pour lancer ce grand chantier qui permettrait de rendre son lustre à l’un des plus importants châteaux français. Seul manque le financement, et peut-être la volonté réelle d’aboutir, même si le Conseil général, désormais propriétaire, ne l’abandonne pas complètement. La restauration du grand escalier nord est planifiée (ill. 8), même si elle ne semble pas avoir encore commencé. Le musée est ouvert, et il mène une politique d’acquisition pour remplacer les collections disparues dans l’incendie. Mais il faut accélérer. Avec l’État, qui occupait en partie le château au moment de l’incendie, ils doivent réagir enfin à cette situation qui n’a que trop duré et ne plus se contenter de ces actions ponctuelles, et beaucoup trop lentes.


8. Attribué à Germain Boffrand (1667-1754)
Château du Prince Charles, dit La Favorite
Façade sur jardin
Etat septembre 2020
Photo : Didier Rykner
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9. Attribué à Germain Boffrand (1667-1754)
Château du Prince Charles, dit La Favorite
État septembre 2020.
Sans commentaires
Photo : Didier Rykner
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Une exposition, aussi réussie soit-elle, ne doit pas faire oublier cet état des lieux, doublé d’un autre scandale : l’autre château de Boffrand à Lunéville, non loin du parc, la Favorite, dont nous dénonçons l’abandon depuis plusieurs années (voirles articles), est toujours dans le même état. Alors qu’il est classé monument historique et abandonné par son propriétaire, le ministère de la Culture a toute latitude d’imposer une restauration qui peut passer, s’il le faut, par son expropriation. Qu’attend-il ?

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