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La Route du bonheur. Jean-Baptiste Mallet
Grasse, Musée Fragonard, du 4 juin au 2 octobre 2022
Il a fallu piétiner quelques idées reçues : Jean-Baptiste Mallet n’aurait été qu’un petit maître, « dernier représentant de la gouache, de cet art tout XVIIIe siècle » selon Edmond Goncourt [1], « simple chroniqueur de la vie mondaine » aux yeux de Paul Guth [2], qui « se borna à fournir des sujets mythologiques, galants et familiers, venant se confondre dans la même fadeur et la même petitesse » d’après Jules Renouvier [3].
Or si Mallet maîtrisait l’art de la gouache, il fut aussi l’auteur de petits bijoux de peinture (ill. 1). Et s’il déclina des sujets légers, il fut aussi le chantre du silence et du recueillement. Sa légèreté d’ailleurs, n’était pas dénuée d’audace et se nourrissait d’une solide culture artistique. On oublie en effet qu’il fut l’élève d’un grand peintre d’histoire, Michel-François Dandré-Bardon et conserva de sa formation un goût pour les allégories et les symboles, pour les références littéraires et mythologiques.
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- 1. Jean-Baptiste Mallet (1759-1835)
La Toilette de Vénus, vers 1810
Huile sur toile - 46 x 38 cm
Collection particulière
Photo : bbsg - Voir l´image dans sa page
À Grasse, sa ville natale, le Musée Fragonard rend justice à ce peintre incompris, qu’une première exposition en 2004 [4] avait sorti des limbes. Trois artistes constituent le cœur des collections de ce musée ouvert depuis 2011 (voir l’article) : Jean-Honoré Fragonard, Marguerite Gerard, et le moins célèbre Jean-Baptiste Mallet dont une trentaine de gouaches et de peintures ont été réunies d’abord par Hélène et Jean-François Costa, puis par leurs trois filles Agnès, Françoise et Anne. Une soixantaine de ses œuvres sont aujourd’hui exposées, empruntées pour la plupart à des institutions publiques ; car il était nécessaire de faire le point sur les productions conservées dans les musées avant de faire sortir celles - nombreuses - en mains privées.