Jean-Luc Martinez, l’ennemi du Louvre

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Jean-François de Troy (1679-1752)
La Toilette d’Esther, 1738
Huile sur toile - 325 x 320 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP/J.-G. Berizzi
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Certains trouvent que nous exagérons, que nous critiquons trop le président-directeur du Louvre. Mais que faire d’autre devant la politique désastreuse qu’il mène pour ce musée, ou plutôt contre ce musée ? Nous avons déjà écrit bien des articles documentés et où nous apportons les preuves de ce que nous dénonçons. Le nombre de scandales est hélas innombrable, mais ce qu’il vient de faire et dont nous n’avions pas pris la mesure lorsque nous avons écrit notre dernier article est au-delà encore de ce qu’il est possible d’accepter. C’est un crime contre le Louvre, contre les peintures, contre les collections. C’est une négation des missions d’un directeur qui doit conserver, étudier et présenter les œuvres dont il a la charge.

C’est une interview du Figaro menée par Éric Biétry-Rivierre qui nous a informé. Les tableaux de la salle des Sept Cheminées, des grands formats par Jean-François de Troy (les cartons de L’Histoire d’Esther (ill. 1) et par Noël Hallé n’ont pas seulement été enlevés du mur comme nous l’avions déjà écrit, pour ne pas y revenir. Ils ont été envoyés à Liévin par camion. On a donc privé le public de ces chefs-d’œuvre et on leur a fait courir de grands risques, compte tenu de leur taille. Les réserves du Louvre à Liévin n’ont donc pas pour rôle, comme on nous l’a répété sans arrêt, de protéger les œuvres de la crue centennale, mais de le débarrasser de ce que Jean-Luc Martinez n’aime pas et qui sont parmi les chefs-d’œuvre de la peinture française du XVIIIe siècle.

La personne interrogée par Le Figaro est Brice Mathieu, directeur délégué du Centre de conservation du Louvre à Liévin (nous en parlions dans cet article). Il explique, sans une once d’émotion : « Nous avons disposé de quelques gabarits exceptionnels en termes de hauteur. Il n’existe en France que très peu de camions surbaissés jusqu’à 50 cm pour passer sous les ponts. Tous ont été mobilisés, notamment pour les très grands tableaux. Ceux des XVIIe et XVIIIe siècles français. Des Noël Hallé et des Jean-François de Troy exposés auparavant dans la salle des Sept Cheminées, le plus grand fait 7,50 sur 4,40 m ». Pour lui, qui n’est ni conservateur, ni historien de l’art, et n’a aucune formation dans ce domaine, un tableau n’est rien d’autre qu’un morceau de toile peinte. Et l’un de ses titres de gloire est donc d’avoir transporté ces peintures exposées au musée vers des réserves non visitables à 200 km du Louvre. C’est le centre de conservation « garanti sans conservateur » dont nous parlions ici.

Il faut regarder le documentaire d’Arte intitulé : « Le Louvre déménage », véritable film de propagande où l’opposition au déplacement des réserves à Liévin est évacuée en à peine une minute, avec la diffusion d’une interview que nous avions donnée à la radio sans même que notre nom soit cité. On y apprend, dans un scénario très dramatique, que les œuvres du Louvre sont sauvées de la noyade imminente par la décision difficile - mais un chef, c’est là pour ça, n’est-ce pas ? - qu’a prise Jean-Luc Martinez de ce déménagement. Bien entendu, les grands formats de la salle des Sept Cheminées n’étaient pas une seconde menacés par les eaux puisqu’ils se trouvaient accrochés en hauteur dans une pièce du premier étage.

Les mots nous manquent pour qualifier cette politique de destruction systématique de ce qui fut le plus grand et le plus beau musée du monde. Il est invraisemblable qu’une telle chose soit possible sans que le ministère de la Culture lève le petit doigt pour s’y opposer. Il faut dire que la responsable du service des musées de France, Anne-Solène Rolland, n’est autre que l’ancienne collaboratrice de Jean-Luc Martinez… Quand se réveillera-t-on enfin pour arrêter la dérive de ce musée ?

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