Destruction de l’église de Gesté : la lettre « erronée » du préfet de Maine-et-Loire

Début d’achèvement des travaux de
destruction de l’église de Gesté
(extrait d’une vidéo du Courrier de l’Ouest)
28 août 2013
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4/9/13 - Patrimoine - Gesté, église - Un préfet mentant sciemment à une association nationale reconnue d’utilité publique ? C’est impossible bien sûr. Il est inenvisageable qu’un haut fonctionnaire représentant le gouvernement français se fourvoie à ce point. Mais alors, quel est l’autre terme de l’alternative ? L’incompétence ? Pas davantage imaginable. Un préfet est par nature compétent. On se perd en conjecture.

Cela pourrait paraître drôle, ça ne l’est pas. Car comme nous pouvions le craindre, l’église de Gesté est aujourd’hui presque entièrement démolie, à l’exception de son clocher et de sa crypte.
Or, le 20 juin 2013, la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France envoyait au préfet de Maine-et-Loire, François Burdeyron, une lettre dénonçant le début de la destruction de cet édifice et lui demandait d’intervenir pour faire cesser ce scandale.
Et que répondait le préfet en date du 27 juin, alors que tout le monde savait que l’église devait être entièrement démolie et que le maire annonçait partout son intention ? Il faut réellement se pincer pour le croire, lorsque l’on voit que ce courrier est écrit sur un papier à en-tête de la République Française. Une République décidément bien malade.

D’abord, le préfet feint de prendre le président de cette association pour un imbécile : « Je pense que vous ne disposez pas de toutes les informations relatives à ce dossier ». Il ose ensuite écrire « il ne s’agit pas d’une démolition d’église : le clocher et la crypte ainsi que le chœur ne seront pas détruits, ce sont les parties les plus emblématiques de ce bâtiment et ils seront conservés ».
On peut voir ici, sur cette vidéo, ce qui, pour le préfet, ne constitue pas une démolition d’église mais une conservation. Selon Le Courrier de l’Ouest, la mise à bas devait être terminée pour la rentrée des classes. A l’heure où nous écrivons, elle n’est pas entièrement achevée, quelques chapelles restant encore à détruire.

À l’écœurement qui nous saisit devant de telles images, la lettre du préfet en ajoute donc un autre, au moins égal. Nous avions eu connaissance de sa réponse peu de temps après qu’il l’avait faite mais, évidemment, ni nous ni la SPPEF n’avons cru une seconde à ce tissu de contrevérités. Nous attendions pour écrire cet article ce qui ne devait pas manquer d’arriver : la destruction presque totale (à l’exception du clocher et de la crypte) de cette église superbe que le ministère de la Culture a abandonné à son sort.
Nous avons contacté la préfecture qui a reconnu avoir fait « une erreur », sans davantage de commentaire. Une « erreur », sur un sujet aussi brûlant et médiatisé, alors que le préfet ne pouvait pas ignorer la réalité des faits ? Il semble donc finalement qu’il faille pencher pour le second terme de l’alternative...
Nous rappelons que le Président de la République parlait de la République exemplaire qu’il voulait instaurer. Mais c’était avant d’être élu.

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