Champs-Élysées : du rien dans du vide, avec de gros morceaux de n’importe quoi, en attendant le saccage final

5 5 commentaires

La mairie de Paris et le « Comité Champs-Élysées » tenaient aujourd’hui une conférence de presse au théâtre du Rond-Point à propos du réaménagement des Champs-Élysées. Un exercice totalement vain où la municipalité s’est gargarisée de sa novlangue habituelle pour ne rien montrer ou presque de ce qui attend les malheureux Parisiens, habitués des projets funestes qu’ils nous concoctent en permanence. Comme d’habitude, il n’était question que de lutte contre le réchauffement climatique, de végétalisation, de plantations d’arbres et d’écologie, l’exercice habituel de green washing d’une mairie qui passe son temps à détruire la nature existante à Paris, comme le projet (toujours en cours malgré les annonces contradictoires des élus) du Champ-de-Mars en témoigne (voir l’article).


1. Avenue Edward Tuck dans le jardin des Champs-Élysées, état actuel
Photo : Ville de Paris
Voir l´image dans sa page
2. Avenue Edward Tuck dans le jardin des Champs-Élysées, état fantasmé par la mairie pour 2024
Photo : Ville de Paris
Voir l´image dans sa page

Contrairement à son habitude en revanche, la municipalité qui n’aime rien tant que modéliser ses projets fantaisistes reste dans le flou sur les réalisations concrètes prévues, à part quelques vues avant/après sur les jardins des Champs-Élysées où l’on peut s’attendre au pire : les allées dessinées par Alphand seront largement remplacées par des forêts de graminées dont on sait qu’elles finissent régulièrement en champs boueux (ill. 1 et 2) et les grilles d’arbres de Davioud ne seront pas remises en place mais remplacées par les fameuses lames de rasoir (ill. 3 et 4) qui envahissent désormais Paris (notamment autour de la place de la Nation)… Il s’agit là de la première étape de leur projet, qui doit voir le jour en 2024, en attendant la seconde qui menace d’être encore beaucoup plus destructrice.


3. Avenue des Champs-Élysées, état actuel
Photo : Ville de Paris
Voir l´image dans sa page
4. Avenue des Champs-Élysées, état prévu pour 2024... Même photo que l’ill. 3 avec des feuilles rajoutées aux arbres et des entourages en lame de rasoir à leurs pieds
Photo : Ville de Paris
Voir l´image dans sa page

Mais aucune information sur les constructions qu’on nous promettait dans le premier projet tel qu’il avait été divulgué n’a été présentée. L’architecte Philippe Chiambaretta (agence PCA Stream), qui s’est également exprimé, doit encore travailler « en concertation », « en co-construisant », de manière « participative »… Si l’on en croit les images diffusées il y a plusieurs mois (ill. 5), qu’on s’est bien gardé de présenter ici (à l’exception de l’ill. 6, diffusée avec le communiqué de presse), on nagera une fois de plus dans le grand n’importe quoi, avec pour objectif de pouvoir privatiser régulièrement un maximum d’espace. D’ailleurs, la place de la Concorde deviendra un lieu pour organiser des « événements ». Et le nord du jardin des Champs-Élysées sera transformé (entre autre) en parc d’attraction pour les enfants (ill. 6 et 7).


5. La place de la Concorde telle que l’imagine l’architecte Philippe Chiambaretta et la mairie de Paris
après 2024 (ce visuel, diffusé en 2021,
ne l’a pas été à la conférence de presse d’aujourd’hui)
© PCA-STREAM
Voir l´image dans sa page
6. Aire de jeu telle que l’imagine l’architecte Philippe Chiambaretta et la Ville de Paris dans le jardin des Champs-Élysées après 2024 (visuel non projeté dans la conférence de presse mais envoyé avec le dossier de presse)
© PCA-STREAM
Voir l´image dans sa page

7. Aire de jeu telle que l’imagine l’architecte Philippe Chiambaretta et la Ville de Paris dans le jardin des Champs-Élysées après 2024 (visuel non projeté dans la conférence de presse ni envoyé avec le dossier de presse, mais visible dans une vidéo en ligne)
© PCA-STREAM
Voir l´image dans sa page

Si tout le projet est inquiétant, ce que la mairie veut faire sur la place de la Concorde est certainement le pire. Anne Hidalgo qui ne comprend pas l’histoire de Paris (et qui le dit) ne comprend rien à la place de la Concorde, un espace historique, minéral placé entre deux jardins (les Tuileries et les Champs-Élysées) dans une volonté de création d’un espace urbain harmonieux. Elle veut - et elle l’a répété deux fois - étendre le jardin des Tuileries, l’élargir jusqu’à l’obélisque. Normalement, si le système de protection du patrimoine fonctionnait bien, elle ne pourrait même pas l’envisager : la place de la Concorde est classée, bordée de monuments classés, sur un site classé au patrimoine mondial. Pourtant, le président de la République, le Premier ministre et ses ministres de la Culture et de la Transition écologique, qui ont tout pouvoir pour briser dans l’œuf le vandalisme à venir, et qui ne font rien ailleurs dans Paris ne feront probablement rien non plus pour la place de la Concorde. On se demande vraiment où sont les architectes des bâtiments de France à Paris, et ce qu’ils font. Soit ils sont nuls, soit ils sont empêchés de travailler par leur hiérarchie, notamment par le préfet de Paris. Comme il est peu probable qu’ils soient tous nuls, c’est probablement la seconde solution qui est la bonne. Qu’ils n’hésitent pas à nous contacter discrètement (nous garantissons évidemment le secret des sources) pour nous expliquer comment l’État peut être aussi complaisant envers la mairie.


8. Réverbère disparu depuis 2016 sur les Champs-Élysées
et jamais remplacé, comme tweeté par @JCQDSE
Photo : Google Streets
Voir l´image dans sa page

Au risque de nous répéter, nous n’avons pas besoin qu’Anne Hidalgo ou un Comité Théodule « réenchantent » les Champs-Élysées. Nous voulons seulement qu’ils les réparent (ill. 8) et qu’ils les entretiennent.

Vos commentaires

Afin de pouvoir débattre des article et lire les contributions des autres abonnés, vous devez vous abonner à La Tribune de l’Art. Les avantages et les conditions de cet abonnement, qui vous permettra par ailleurs de soutenir La Tribune de l’Art, sont décrits sur la page d’abonnement.

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous.