Abords de Notre-Dame : les faits contre la propagande

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Jardin de l’Archevêché, avec le buste de Goldoni dû au sculpteur italien Edouard Fortini qui n’est pas remis en place dans le projet diffusé
Photo : Emmanuel Delarue (mars 2010)
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La défense des jardins de Notre-Dame est aussi une bataille de la communication. Ainsi, l’article de Claire Bommelaer dans Le Figaro, très factuel et bien renseigné, a été titré - dans l’édition papier : « Abords de Notre-Dame : le projet en partie retoqué ». Et dans l’édition web : « Abords de Notre-Dame de Paris : le projet de réhabilitation accepté avec des réserves ». Si les deux sont exacts, le premier est beaucoup plus juste. Certes, le projet a été accepté, mais les réserves sont telles et portent sur des points tellement essentiels, que c’est bien le titre du journal papier qui donne le ton. Le refus de la réunion des deux jardins et de l’enlèvement des grilles, qui est le cœur du projet dans sa partie jardin, en témoigne.

Cette histoire n’est pas seulement celle du verre à moitié vide ou à moitié plein : non seulement les réseaux sociaux qui diffusent le titre du site internet donnent une fausse impression de la réalité de l’avis de la CNPA (beaucoup se contentent de lire le titre), mais cela permet à Emmanuel Grégoire, le premier adjoint en charge de l’urbanisme, de pavaner en faisant croire qu’au sein de son cabinet : « on se félicite […] de l’approbation apportée par les experts sur les contours du site. »
C’est en effet ce qu’on peut lire dans un article publié aujourd’hui dans Le Parisien titré cette fois « le projet de réaménagement des abords accepté, les opposants ne désarment pas ». Si la seconde partie est exacte, la première ne l’est pas vraiment…
On y lit encore, à propos d’Emmanuel Grégoire : « "C’est une confirmation du travail entrepris depuis des années", indique-t-on simplement dans l’entourage de l’élu. ». La mairie, en faisant croire que son projet a été accepté, donne une idée de sa volonté de respecter les demandes de la CNPA.

L’article écrit par ailleurs que : « la question de l’agrandissement de la pelouse des jardins de la cathédrale, qui figure dans le projet de Bas Smets, a été évoquée en commission mais n’a pas rencontré d’opposition ». Ce n’est pas l’avis des membres de la commission avec qui nous avons pu parler, qui nous ont confirmé que ce point n’avait pas été débattu. Le sénateur Albéric de Montgolfier, président de la commission, nous a précisé par ailleurs que cette question du jardin lui-même n’entre pas vraiment, d’après les textes de loi, dans son champ, ce qui est exact. Son rôle est de se prononcer sur le patrimoine bâti, d’autant qu’il existe une « commission jardins » et que le square en lui-même n’est pas protégé au titre des monuments historiques [1]. Ce n’est donc pas uniquement une question de « couleur des fleurs » comme il le dit dans Le Parisien. Si cette section de la CNPA ne peut se prononcer sur ce sujet, elle pourrait néanmoins, comme elle l’a fait pour l’Hôtel-Dieu, lorsque le projet reviendra devant elle, émettre un vœu à ce propos. Albéric de Montgolfier a en effet insisté sur le fait que ce n’est pour l’instant qu’un « avant projet sommaire » et que celui-ci devra encore revenir devant la commission lorsqu’il aura été précisé en tenant compte du premier avis. Le rôle de la CNPA n’est pas terminé contrairement à ce que laisse entendre l’article du Parisien.

Un projet donc en grande partie « retoqué » sur la question des jardins ; une commission qui n’a donné aucun accord pour la question des pelouses, des fleurs, des haies et des buissons, car elle n’en a pas parlé et que cela ne relève pas de sa compétence directe ; la possibilité néanmoins qu’elle émette à l’avenir un vœu à ce sujet… On est très loin d’une « confirmation du travail entrepris depuis des années » par la mairie. Mais il est vrai qu’Emmanuel Grégoire a toujours des difficultés dans sa relation avec les faits, osant une fois de plus répéter son antienne sur les « fake news » qu’il est le premier à propager. Voilà en effet ce que son cabinet a répondu au Parisien : « quand de fausses informations circulent, et que la réaction est toujours Vous mentez à chaque réponse factuelle que nous apportons, on arrive à un niveau de stérilité du débat, ce n’est pas constructif. » De quelles informations « factuelles » parle-t-il ? Nous lui avons proposé depuis longtemps un débat sur des faits. Des faits, nous en apportons dans chacun de nos articles, avec des preuves. Emmanuel Grégoire préfère la propagande.

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