Un Louvre toujours plus fermé

Après 203 jours de fermeture, un record du monde contrairement à ce qu’ose prétendre la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, les musées français vont enfin pouvoir rouvrir au public. Oui, mais certains moins que d’autres. C’est ainsi que le Louvre, une fois de plus, se distingue dans la médiocrité et dans le mépris du public.

Rappelons d’abord qu’à la fin du premier confinement, et alors qu’il avait rouvert seulement début juillet avec beaucoup de retard sur les autres musées, une très grande partie de ses salles étaient restées fermées, notamment tout le second étage avec les peintures nordiques et les peintures françaises des XVIIIe et XIXe siècle.
Lors de cette nouvelle réouverture, le 19 mai, et alors que l’instauration d’une jauge réduite devrait au contraire inciter à ouvrir largement les galeries, un très grand nombre de celles-ci demeurera clos (ill. 1).


1. Le plan de réouverture du Louvre le 19 mai 2021 et les jours qui suivent,
tel qu’il accompagne les billets achetés en ligne
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2. Johannes Vermeer (1632-1675)
L’Astronome
Huile sur toile - 51 x 45 cm
Invisible au Louvre depuis au moins le 17 mars 2019 (à l’exception du mois d’octobre)
Photo : Wikipedia (domaine public)
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Fort heureusement, les peintures françaises au deuxième étage vont enfin rouvrir, après un an et deux mois sans que personne ait pu les visiter. Mais il n’en ira pas de même pour les peintures nordiques, pour Rubens et Rembrandt, pour Van Dyck et Vermeer… Ces salles demeureront fermées, et le resteront pour une durée indéterminée. Cela fera donc bien plus d’une année que personne n’aura pu admirer L’Astronome (ill. 2) ou le cycle consacré à Marie de Médicis… [Correction apportée après la publication de cet article : un lecteur, Arnaud Desquesnes, nous a informé que les peintures nordiques ont été ouvertes pendant un mois, en octobre 2020, ce qui a dû échapper à beaucoup. Cela ne change pas grand chose au problème. Depuis un an et deux mois, les peintures nordiques du second étage n’auront donc été ouvertes qu’un mois].
La réouverture des peintures françaises au deuxième niveau de la cour Carrée se fera néanmoins au détriment du premier niveau de cette cour : le côté nord, dévolu aux Objets d’art, sera fermé, ainsi que les côtés est, sud, et sud-ouest occupés par le département des Antiquités Égyptiennes et celui des Antiquités Grecques et Romaines. Les petits cabinets, de part et d’autre de la salle espagnole au bout de la Grande Galerie, qui conservent des peintures italiennes des XVIIe et XVIIIe siècles, resteront également invisibles comme ils le sont depuis plus d’un an !
Nous pouvons ajouter à cet invraisemblable bilan des salles fermées, au rez-de-chaussée, les salles d’antiquités romaines autour de la cour du Sphinx, et trois salles d’Antiquités égyptiennes au sud de la Cour Carrée. Et au niveau - 1 : les salles de l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain, incluant l’Égypte Copte et la salle de Baouit. Tout cela est resté interdit aux visiteurs depuis plus d’un an et va le rester.

Un Louvre plus accueillant, proclame régulièrement le président-directeur par intérim du Louvre. Un Louvre toujours davantage fermé, surtout, un Louvre peau de chagrin comme nous le dénoncions déjà en septembre 2019 alors que ces salles qui restent closes l’étaient déjà la plus grande partie de la semaine, avant même la crise du Covid (voir l’article). Celle-ci a d’ailleurs bon dos, qui ne justifie absolument pas des fermetures aussi longues et aussi étendues. Une nouvelle fois, l’incompétence de la direction sortante est gravement engagée, une incompétence soulignée aujourd’hui même par Marc Zitzmann dans un article détaillé du Frankfurter Allgemeine, où il rend un vibrant hommage au travail d’information que nous menons à ce sujet depuis des années. Une incompétence qui n’est manifestement pas encore venue à l’oreille du ministère de la Culture, même si heureusement l’Élysée semble enfin l’avoir comprise. Ce qui ne l’empêche pas de retarder chaque semaine la nomination d’un remplaçant dont le rôle devient chaque jour un peu plus difficile, au fur et à mesure que le Louvre sombre.

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