Réouverture des musées : une question quasi-philosophique

Une salle du Musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan
Photo : Didier Rykner
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Faut-il prôner la désobéissance civile en ouvrant les musées contre l’avis du gouvernement ? La question peut se discuter même si La Tribune de l’Art se refusera toujours à appeler au non respect de la loi.

Il reste que la question peut se poser quand la loi (ou plutôt le décret qui oblige les musées à fermer) devient attentatoire aux libertés. Est-ce vraiment le cas ici ? Certains ne sont pas loin de le penser. C’est en tout cas ce qui a motivé le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, à ouvrir les quatre musées de la ville dès mardi dernier, une décision d’autant plus difficile à soutenir qu’elle provenait d’un élu d’extrême-droite, et que cela ressemblait à un coup politique. Beaucoup, bien qu’embarrassés, ont néanmoins regretté que cette initiative n’ait pas été initiée ou suivie par des maires appartenant aux autres partis politiques.

C’est désormais le cas puisque nous apprenons que le maire PS d’Issoudun André Laignel, qui plus est premier vice-président délégué de l’Association des maires de France, vient à son tour de décider d’ouvrir le musée de l’Hospice Saint-Roch dès demain samedi 13 février, soulignant le faible risque de transmission du virus dans les musées, et estimant, à juste titre à notre avis, que « leur fermeture permanente et totale est devenue manifestement disproportionnée ».

Nous attendons donc avec curiosité et intérêt la suite de ces mouvements. S’agira-t-il d’un feu de paille ou d’autres élus locaux oseront-ils à leur tour braver un interdit dont le fondement n’apparaît pas solide ? Il est probable que le tribunal administratif, qui statuera lundi prochain, annulera l’arrêté municipal de Perpignan, et que ce sera rapidement la même chose pour Issoudun. Les tribunaux se sont en effet toujours opposés au non respect des décrets gouvernementaux relatifs au contrôle de l’épidémie.

Il reste que les mouvements en faveur de la réouverture des musées (et des autres lieux de culture) se multiplient, montrant que cette mesure est de moins en moins acceptée et acceptable. Imaginons que les vaccins n’aient pas été prêts, et que nous n’ayons aucune perspective de sortie de l’épidémie : pourrions-nous alors accepter, ad vitam æternam, ce demi-confinement auquel nous sommes réduits ? La réponse est évidemment non. Il faudra bien, à un moment, comme le disait le président de la République, « apprendre à vivre avec le virus », même si celui-ci peut tuer certains d’entre nous. De toute façon, quoi qu’il en soit, la vie est dangereuse... Interdit-on de prendre la voiture sous prétexte du risque d’accident ?

Nous serons donc parfaitement hypocrites : nous ne soutenons pas les réouvertures des musées contre les décisions gouvernementales, mais celles-ci nous réjouissent énormément.

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