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Orsay achète le masque de Victor Hugo de René Béclu
30/7/20 - Acquisition - Paris, Musée d’Orsay - C’est une puissante effigie aussitôt reconnaissable : ces sourcils froncés, ce regard pénétrant et cette barbe de patriarche appartiennent à Victor Hugo. Le Musée d’Orsay vient d’annoncer l’achat [1] de ce « masque » - le terme résonne curieusement ces jours-ci où tout le monde doit en porter un pour aller au musée - probablement modelé au tout début du XXe siècle, une quinzaine d’années après la mort de l’écrivain en 1885. Cette œuvre (ill. 1 et 2) du sculpteur méconnu René Béclu, dont la signature est visible dans la barbe à droite, fut réalisée en collaboration avec les établissements Émile Muller et Cie qui éditaient depuis les années 1880 un grand nombre de sculptures contemporaines en grès émaillé.
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- 1. René Béclu (1881-1915) et Émile Muller et Cie, céramiste
Masque de Victor Hugo
Grès émaillé - 37 x 26,5 x 18 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : Stuart Lochhead - Voir l´image dans sa page
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- 2. René Béclu (1881-1915) et Émile Muller et Cie, céramiste
Masque de Victor Hugo
Grès émaillé - 37 x 26,5 x 18 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : Stuart Lochhead - Voir l´image dans sa page
On songe ici, irrésistiblement, au très célèbre Jean Carriès qui avait su à la même époque exploiter superbement les possibilités colorées de l’émail. Si le traitement du visage du poète demeure somme toute assez classique, la figure dégage une incontestable monumentalité malgré ses trente-sept centimètres de hauteur. Comme le signale la notice de l’œuvre sur le site du Musée d’Orsay, le traitement de l’émail s’éloigne clairement de toute forme de réalisme. René Béclu a su donner à sa représentation de Victor Hugo un aspect étrange, voire inquiétant. Il réussit à accentuer l’aspect dramatique de sa figure en veinant d’un étonnant bleu turquoise le masque laissé beige, soulignant chaque ride de l’austère visage du poète.
Auparavant plutôt spécialisés dans la céramique…