Mensonge !

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Pensez à signer la pétition, si vous ne l’avez pas déjà fait.

1. Emmanuel Grégoire au Conseil de Paris le 6 juin 2023
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Le mardi 6 juin, au Conseil de Paris, a eu lieu un débat à propos du projet de la mairie pour le réaménagement des abords de Notre-Dame. Emmanuel Grégoire (ill. 1), une fois de plus, a répété un nombre incroyable de contre-vérités, comme il le fait régulièrement (voir nos articles). Mais le plus extraordinaire, une fois de plus, c’est qu’il l’a fait en accusant à peu près tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui de mentir [1]. Ce niveau de déni de la réalité est sidérant. L’élu serait capable, un jour de pluie, d’assurer avec aplomb qu’il fait beau.

Emmanuel Grégoire a affirmé que le dessin original du square serait conservé. Il suffit de regarder les vues du projet diffusées par la mairie de Paris pour constater que c’est évidemment faux. Mensonge !
Il a à nouveau prétendu que le mobilier urbain historique serait conservé. Nous avons déjà démontré (voir l’article), à partir des documents diffusés par la mairie de Paris elle-même, que c’était faux. Mensonge !
Sur ces deux points (et sur d’autres), Emmanuel Grégoire renvoie au cahier des charges du concours, cahier des charges que la mairie refuse pourtant obstinément de communiquer.

Emmanuel Grégoire, en s’attaquant à la conseillère de Paris Brigitte Kuster, qui lui opposait le document présenté à la CNPA, a osé répondre : « Mais c’est le document de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture qui ne relève pas d’une production de la Ville ». Nous publions ici la couverture de ce document (ill. 2), dont les auteurs, cités en bas de page, sont le bureau Bas Smets et tous ses associés pour ce projet. Contrairement à ce que dit Emmanuel Grégoire (Mensonge !) il s’agit donc bien d’un document de la Ville puisqu’il s’agit de son projet, et en aucun cas d’un document de la CNPA à qui il a été remis pour examen. Et c’est ce document qui montre que le dessin du jardin n’est pas conservé, et que le mobilier urbain disparaît en grande partie.


2. Couverture du document remis à la CNPA pour validation.
On lit le nom des auteurs en bas, qui sont le bureau Bas Smets et tous ceux associés à lui pour ce projet
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S’adressant toujours à Brigitte Kuster, qui s’indignait qu’Emmanuel Grégoire la traite de menteuse, celui-ci en rajoutait : « Vous évoquez au square Jean XXIII une buvette dans le jardin ». Nouveau mensonge d’Emmanuel Grégoire car Brigitte Kuster n’avait à aucun moment prétendu cela. Il s’agissait d’une intervention précédente d’Aurélien Véron qui avait fait erreur sur ce point. Mais Emmanuel Grégoire s’est longuement étendu sur cette affaire de buvette dans le jardin, comme s’il s’agissait d’un point essentiel. En revanche, il a également osé dire ceci : « Madame Kuster, un peu de sérieux, je connais votre engagement sur ces questions : des jeux et des marchés au square Jean XXIII ? Mais ça ne va pas, ça ne va pas bien. Comment pouvez-vous, ancienne député, comment pouvez-vous ? Non non ça n’est écrit nulle part. Comment pouvez-vous oser dire que dans le square d’Île-de-France et dans le square Jean XXIII nous allons faire des jeux et des marchés ? » Nous passerons sur sa grande élégance. Mais le souhait de faire des marches et d’installer des jeux dans le square Jean XXIII est écrit noir sur blanc p. 68 (ill. 3 et 4) dans le document transmis par la Ville à la mairie de Paris. Les preuves sont là, mais Emmanuel Grégoire serait capable d’expliquer qu’il neige en été. Mensonge !


3. p. 68 du document donné à la CNPA pour validation
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4. Détail de l’illustration précédente où il est écrit ce qu’Emmanuel Grégoire nie
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Plus grave encore est la question des arbres dont Emmanuel Grégoire affirme qu’ils n’en couperont aucun, négligeant le fait que le tamaris n’apparaît plus sur les documents diffusés par la mairie de Paris (voir l’article). Admettons que cet arbre soit malgré tout épargné. Le vrai problème est que, comme pour le Champ-de-Mars (projet fort heureusement annulé devant la levée de boucliers), ce sont les travaux en eux-mêmes qui menacent gravement plusieurs arbres qui entourent Notre-Dame.
Nous nous basons ici sur le travail effectué par Tangui Le Dantec, grand spécialiste des arbres, et Baptiste Gianeselli, l’initiateur de la pétition, ainsi que de nombreux autres citoyens diffusant ces informations via Twitter. On découvre ainsi, preuves à l’appui, que sont en réalité menacés notamment plusieurs platanes situés à droite du parvis lorsque l’on regarde la cathédrale, ainsi que certains des beaux mûriers du square de l’Île-de-France.

Les platanes vont être longés par un chemin qui sera implanté le long du quai. Nous n’avons pas enquêté sur cet aspect précis du projet, mais d’autres l’ont fait, notamment Baptiste Gianiselli. Nous renvoyons donc à son long fil Twitter qui contient toutes les explications et preuves nécessaires que cela constitue une menace pour ces grands arbres.



Quant aux mûriers, la superposition grâce à un gif du projet et de l’état actuel montre clairement que la grille que souhaite déplacer la Ville de Paris fera disparaître l’un d’entre eux et en fragilisera gravement deux autres. Nous incluons ci-dessous le tweet qui le démontre, ainsi que les explications de Tangui Le Dantec.




Mensonges donc, par omission, de la part d’Emmanuel Grégoire qui n’a toujours pas compris ce que les défenseurs des arbres ne cessent de répéter : les vieux sujets doivent être laissés tranquilles, dans un environnement protégé.

Emmanuel Grégoire semble vivre dans une réalité parallèle. Le meilleur exemple en est donné par un passage où il admet qu’un platane, un seul, serait menacé : « il n’est pas du tout menacé par le square Jean XXIII ou par le square de l’île-de-France » Là on ne peut que donner raison à l’élu : les squares ne menacent personne, ce sont eux qui sont menacés !
Il poursuit : « il est [menacé] par la plate-forme d’étanchéité de la future zone d’accueil sur le parvis, c’est un arbre et notre conseil, en l’occurrence Bas Smets, qui est, à mon avis, légèrement plus compétent que beaucoup des gens qui se sentent autorisés à parler en matière de paysagiste, nous garantit qu’il prendra toutes les mesures nécessaires non pas pour le couper mais pour le déplacer et le remettre exactement à l’endroit où il est ».
Si Bas Smets fait de telles recommandations : déplacer un platane centenaire puis le remettre en place, on peut se poser des questions sur ses compétences en la matière. Car comme nous l’a confirmé Tangui Le Dantec, seules quelques espèces supportent d’être transplantées, même lorsqu’elles sont de grande taille, et dans des conditions très spécifiques. Certainement pas des platanes. Certains, cherchant sur le net, ont trouvé l’exemple d’un chêne vieux d’un siècle transporté aux États-Unis (voir cette vidéo). Oui mais : outre que cet arbre était en pleine campagne et isolé dans son environnement, ce qui permettait de creuser loin de lui pour emporter tout son système racinaire, ce déplacement l’a fortement fragilisé en raison d’un champignon contracté à cette occasion (voir cet article). Tangui Le Dantec nous a ainsi expliqué que « L’arbre en question a été très abimé. Il est encore en vie, mais en fort mauvais état, et malade [...] il y a eu des mesures exceptionnelles autour de lui : interdiction de piétiner l’enclos dans lequel il a été placé afin qu’il recommence à faire des racines (etc). Mesures qui sont tout à fait impossibles et hors de propos sur le site de Notre Dame ».
Soit donc, Bas Smets a fait une telle proposition, et cela remettrait gravement en cause ses compétences, soit, ce qui est plus probable, Emmanuel Grégoire raconte n’importe quoi : Mensonge !.

Les mensonges dans la pourtant courte intervention d’Emmanuel Grégoire au Conseil de Paris sont innombrables et nous ne pouvons pas être exhaustif. En voici encore quelques-uns :

 « L’avis de la Commission nationale patrimoine et architecture c’est un avis unanimement favorable. Unanimement favorable avec effectivement une observation qui ne rencontre pas notre soutien pour le moment ». Non, ce ne sont pas des « observations », ce sont des « réserves », c’est-à-dire que ces points ne sont pas acceptés par la CNPA. Mensonge ! Et il n’y en pas un mais trois comme nous l’expliquions ici. Mensonge !
 « repositionner les grilles comme elles l’étaient à l’origine et non pas comme elles le sont aujourd’hui qui n’est pas du tout historique sur le square de l’Île-de-France ». Les grilles du square de l’Île-de-France, si elles sont plus hautes qu’elles ne l’étaient lors de sa création (pour éviter les intrusions), étaient exactement à l’emplacement où elles sont aujourd’hui comme on le voit dans les photos ci-dessous (ill. 5 et 6) que nous empruntons à Baptiste Gianeselli qui vient de les publier dans un Tweet Mensonge !


5. Vue du square de l’Île-de-France avant la création du Mémorial de la Déportation. On voit les précédentes grilles, exactement au même emplacement aujourd’hui
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6. Vue du square de l’Île-de-France aujourd’hui, les grilles (plus hautes) sont restées au même emplacement
Photo : Google Maps
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 « Nous souhaitons retirer [la grille] parce que nous souhaitons recréer une continuité entre le square Jean XXIII et le square de l’Île-de-France pour n’en faire qu’un seul et grand jardin. » Une fois de plus, Emmanuel Grégoire raconte n’importe quoi. On ne peut « recréer » ce qui n’a jamais existé, car jamais les deux squares (le second d’ailleurs de création assez récente au XXe siècle) n’ont été réunis. Mensonge !
 « Comprenez notre emportement à être roulés dans la boue, accusés de tous les maux, accusés de vouloir attenter à la dignité du mémorial pour la mémoire des victime de la Shoah et de la déportation ». Sans doute sous le coup de l’émotion, Emmanuel Grégoire confond le mémorial de la Shoah et celui de la Déportation. Ce qui est sûr en revanche, c’est que lorsqu’il se défend de vouloir attenter à la dignité de celui de la Déportation (dans le square de l’Île-de-France), il s’agit d’une fausse information car c’est exactement ce qu’il va faire. Nous renvoyons à ce sujet une nouvelle fois à une démonstration de Baptiste Gianeselli qui l’a d’abord publiée dans une série de Tweets puis qui l’a reprise sur le blog d’Emmanuel Delarue : L’Indépendant du cœur de Paris, auquel nous renvoyons. Une nouvelle fois il démontre l’inverse de ce que dit Emmanuel Grégoire. Mensonge !

Nous donnons ici des faits, et nous les démontrons avec des preuves. Emmanuel Grégoire se contente de traiter les autres de menteur sans jamais - il en serait évidemment incapable - pouvoir le démontrer. Il paraît qu’il veut être maire de Paris à la place d’Hidalgo. Espérons que l’avenir nous épargnera et l’un, et l’autre.

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