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Les villes ardentes. Art, travail, révolte. 1870-1914

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Caen, Musée des Beaux-Arts, du 11 juillet au 22 novembre 2020.

Ce n’est pas sans quelque étonnement que l’on découvre cette passionnante exposition qui emprunte beaucoup à l’histoire sociale tout en s’insérant subtilement dans la saison Normandie impressionniste : la vie et le travail des plus humbles ne furent guère prisés des tenants de la «Nouvelle Peinture», même si l’on songe irrésistiblement aux célèbres Raboteurs de parquet de Gustave Caillebotte, qui n’ont bien sûr pas fait le voyage. On se console avec les Repasseuses d’Edgar Degas, qui bénéficient d’un essai de Marine Kisiel [1] où le désintérêt de l’artiste pour les questions sociales est sobrement rappelé. On regrette aussi l’absence de Soleil couchant à Ivry, tableau d’Armand Guillaumin également conservé à Orsay, remplacé dans la première salle de l’exposition - consacrée au pittoresque des faubourgs industriels - par un autre Guillaumin, venu de Genève. Un intéressant essai de James H. Rubin [2], qui reprend une partie de ses recherches publiées en 2008, accompagne cette section et rappelle à la fois l’intérêt esthétique des paysages industriels et les implications politiques d’un tel sujet tout en précisant que les thèmes industriels ne séduisaient guère marchands comme collectionneurs... On peut en tout cas y découvrir quelques œuvres moins connues, à l’instar des Usines de Jean-Émile Laboureur (ill. 1) prêtées le musée de Nantes ou le spectaculaire triptyque de Pierre Combet-Descombes (ill. 2) bien connu des visiteurs du Musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône.


1. Jean-Emile Laboureur (1877-1943)
Les Usines, 1902
Peinture médium Préaubert sur carton collé sur Isorel, 50 x 64,9 cm
Nantes, Musée d’arts
Photo : Alexandre Lafore
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2. Pierre Combet-Descombes (1885-1966)
Les Hauts-Fourneaux de Chasse, 1911
Huiles sur toile - 92 x 65, 92 x 92 et 92 x 62 cm
Villefranche-sur-Saône, Musée municipal Paul-Dini
Photo : Laurent Lachèvre
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Les deux sections suivantes ramènent le visiteur jusqu’au cœur de la ville, passant des quais aux chantiers urbains qui marquèrent profondément le paysage. A Paris, on oublie aujourd’hui que la Seine fut un axe économique majeur et que ses rives furent le théâtre d’une incessante activité humaine ; ici encore, il manque un important tableau qu’aurait pu prêter le Musée d’Orsay : Les déchargeurs de charbon, l’une des œuvres les plus atypiques de Claude Monet, fort efficacement remplacée cependant par des dessins d’Alexandre Steinlen ou des toiles de Maximilien Luce (ill. 3). Dans le catalogue de l’exposition, Emmanuelle Delapierre s’intéresse à cette figure du «coltineur» qui allait et venait sur les quais de Seine en une «implacable chorégraphie» dont les artistes ont su exploiter les possibilités graphiques. On découvre aussi un tableau quelque peu méconnu d’Henri Gervex, venu du Palais des Beaux-Arts de Lille : son Coltineur de charbon (ill. 4) peint en 1882, sculptural à souhait, qui prépare un grand décor conçu…

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