Le directeur général des Patrimoines entérine la destruction de la chapelle de Lille

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Stéphane Bern nous a communiqué ce matin un courrier (ill. 1) envoyé par le directeur général des Patrimoines, Philippe Barbat, à l’ancien architecte des monuments historiques Étienne Poncelet qui avait, avec d’autres, demandé que le ministère de la Culture sauve la chapelle lilloise dont nous avions déjà parlé ici (voir nos articles).


1. Courrier envoyé par Philippe Barbat à Étienne Poncelet
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Philippe Barbat ose écrire dans ce courrier que « cette chapelle de la fin du XIXe siècle de style éclectique n’est pas dénuée d’intérêt architectural, celui-ci n’est toutefois pas suffisant pour justifier d’un classement au titre des monuments historiques ». Il en conclut donc que puisque la chapelle ne pourrait être, au mieux, qu’inscrite, et que l’inscription arrivant après la délivrance des permis de démolir et de construire, elle ne peut les annuler, il n’y aurait donc plus rien à faire.

Rappelons que Franck Riester avait décidé d’accorder un délai à cette chapelle en demandant de surseoir à la démolition. Nous avions néanmoins été prudent en parlant de ce répit, rappelant le triste précédent de la halle de Fontainebleau. Celle-ci avait été protégée pendant un an par une instance de classement. Et finalement, l’instance de classement n’avait débouché sur rien. La commission chargée de se prononcer sur son classement n’avait même pas été réunie. Et c’était déjà Philippe Barbat, qui était à la manœuvre, en tant que conseiller patrimoine de la ministre de l’époque. Il n’est donc pas très étonnant de voir que le courrier envoyé à Étienne Poncelet ne soit pas signé de la ministre, qui n’a probablement même pas été réellement sollicitée, mais bien par Philippe Barbat lui-même.


2. Auguste Mourcou (1823-1911)
Chapelle Saint-Joseph du Collège Saint-Paul (doit être détruite)
Photo : Didier Rykner
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Nous contestons entièrement l’affirmation du directeur général des Patrimoines qui prétend que cette chapelle ne mériterait pas un classement monument historique. Non seulement elle le mériterait en elle-même, mais elle s’inscrit dans un ensemble architectural, le collège Saint-Paul, dû au même architecte Auguste Marcou, auteur du palais Rameau, qui non seulement est classé, mais qui participe lui aussi du même ensemble urbain que le collège Saint-Paul. Isoler la chapelle de ce contexte urbain, comme le fait Philippe Barbat, est la preuve d’une ignorance de ce qu’est le patrimoine d’une ville.

Le ministère de la Culture ne joue pas son rôle, une nouvelle fois, et cela confirme ce que chacun, que ce soit au sein du ministère ou à l’extérieur, constate depuis sa nomination : Philippe Barbat n’est pas à sa place. Il n’a rien à faire à un poste où il faut se battre, en permanence, pour sauver le patrimoine [1]. Il se murmure qu’il devrait bientôt retourner à son corps d’origine, le Conseil d’État. Si cela est vrai (nous l’espérons), nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de sa carrière, et qu’il laisse enfin sa place à un vrai directeur général des Patrimoines. Et nous ne renoncerons pas, tant que la chapelle ne sera pas détruite, à la défendre, en espérant que Roselyne Bachelot, qui montrait son émotion devant la destruction du tableau d’Hippolyte Flandrin à la cathédrale de Nantes, acceptera de porter un regard plus acéré et mieux conseillé sur cette affaire.

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