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La peinture anglaise, de Turner à Whistler
Lausanne, Fondation de l’Hermitage, du 1er février au 2 juin 2019
- 1. Joseph Mallord William Turner (1775-1851)
Paysage au bord de l’eau 1840-1845
Huile sur toile - 121,9 x 182,2 cm
Londres, Tate Britain
© Tate, Londres 2019 - Voir l´image dans sa page
« Pour les Français nous ne sommes pas censés occuper la moindre place dans l’art » constatait le critique William Michael Rossetti [1] en 1855, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris où plus de 300 peintures et aquarelles d’artistes anglais furent exposées, et regardées avec circonspection. Avec circonspection parce qu’elles ne correspondaient pas à ce que le public avait l’habitude de voir. Ni avant-gardistes, ni conventionnelles, du moins pas selon les critères français. Les Goncourt tentèrent de la définir : « [...] la peinture anglaise semble une morale en action, tempérée d’humour. [...] Elle se gare du solennel et du dramatique, et ne touche à l’histoire que par les scènes privées. C’est une peinture de chambre, d’intérieur de famille [...] ; c’est un art d’observation et de malice, ambitieux de l’applaudissement du sourire. [2] »
La Fondation de l’Hermitage en donne un aperçu plus varié dans une exposition qui célèbre la peinture victorienne à travers soixante œuvres prêtées par les plus grands musées du Royaume Uni, intégrant au passage quelques faux Anglais tels que Tissot et Sargent.
Il s’agit bien d’évoquer une époque, non un style spécifique. Car le règne de Victoria, qui s’étend de 1837 à 1901, a connu les dernières œuvres de Turner (ill. 1), suivi les carrières de Rossetti ou de Burne-Jones - faiblement représentés dans l’exposition - et vu naître Stanhope Forbes. Celui-ci choisit d’illustrer la fin d’un règne par une scène de genre : un père de famille entouré des siens dans un intérieur modeste lit le journal qui annonce la mort de la reine.