La bataille de l’Hôtel de la Marine est gagnée

La Place de la Concorde vue de l’Hôtel de la Marine
Photo : Didier Rykner
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12/7/11Patrimoine – Paris, Hôtel de la Marine C’est une victoire totale pour les défenseurs de l’Hôtel de la Marine, et une déroute non moins complète pour l’équipe Allard-Donnedieu-Nouvel. La commission réunie sur décision du chef de l’Etat au début de l’année sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, si elle n’a pas encore rendu son rapport (ce ne sera fait qu’à l’occasion des Journées du Patrimoine en septembre prochain), en a donné les principales orientations dans un communiqué diffusé aujourd’hui 12 juillet.

En préambule, la commission va au-delà du simple cas de l’Hôtel de la Marine, en demandant que : « les immeubles qui ont abrité les activités souveraines du peuple français et qui présentent un intérêt historique et architectural majeur ne peuvent être ni vendus ni concédés. » En expliquant que l’Hôtel de la Marine est dans ce cas, elle souhaite mettre un point final à toute idée de vente (ce qui était acté), mais surtout de bail emphytéotique.
Pour enfoncer encore le clou, la commission indique qu’elle « a écarté du champ de ses réflexions ceux qui reposaient sur une vente déguisée du bâtiment à des acteurs privés à objectifs purement financiers ou spéculatifs. » On voit à qui elle fait allusion.

Comme la rumeur en courait de façon insistante ces derniers jours, c’est bien le Louvre qui devrait être placé au cœur du dispositif. Il aura pour charge : « d’assurer la présentation au public, directement ou sous forme d’expositions temporaires, des objets d’art et des collections faisant partie du patrimoine national ». Il est également préconisé que le celui-ci associe « au sein d’une institution nouvelle, un certain nombre de partenaires, notamment le Mobilier National, les Manufactures, le musée des Arts Décoratifs et les collections du Cabinet des Médailles. » Il faut notamment s’en réjouir pour ces dernières qui sont toujours grandement menacées par le projet de la Bibliothèque Nationale sur le site Richelieu (voir l’article).

Les locaux ouverts sur les cours seront loués à « d’autres partenaires publics ou privés représentatifs des secteurs culturels ou des métiers d’arts », seule reprise dans ce projet d’un des éléments de celui d’Alexandre Allard. Les cours (qui n’ont plus aucune raison d’être couvertes) seront comme le reste du bâtiment ouvertes au public et permettront à celui-ci de circuler entre la Rue Royale et les rues Saint-Florentin et de Rivoli.
Des locaux seront affectés à l’Académie de Marine, et seuls les bureaux ne trouvant pas d’affectataire parmi les institutions déjà citées pourront être loués, selon un strict cahier des charges « contribuant ainsi à l’équilibre financier de l’opération ». S’il faudra veiller à ce que ces locations soient faites dans le strict respect des bâtiments, le fait qu’il s’agisse de locations simples (et non emphytéotiques) devrait garantir que cela ne nuira pas au bâtiment. Actuellement, une grande partie de celui-ci est déjà occupée par des bureaux, comme cela a d’ailleurs toujours été le cas. Il n’y a donc là rien de choquant du moment que l’on prend en compte toutes les composantes historiques de l’édifice.

Le ministre de la Culture, qui se réjouit dans un communiqué de ces premières recommandations, émet le souhait que les polémiques s’apaisent. Il devrait être entendu. La bataille de l’Hôtel de la Marine semble aujourd’hui heureusement terminée. Il faudra toutefois que sa transformation en un établissement largement visité se fasse dans le strict respect de son caractère historique, ce qui n’est pas toujours une équation facile à résoudre.

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