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L’Hommage à Delacroix. Fantin-Latour, Manet, Baudelaire

Paris, musée Eugène Delacroix, du 7 décembre 2011 au 19 mars 2012.

1. Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Hommage à Delacroix, 1864
Huile sur toile - 160 x 250 cm
Paris, Musée d’Orsay
Photo : RMN/Hervé Lewandowski
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Il est toujours fascinant d’entrer dans le processus créateur d’une œuvre. Le délicieux petit musée Eugène Delacroix présente, conçue par son directeur, Christophe Leribault, commissaire de la manifestation, une très intéressante exposition-dossier autour de l’Hommage à Delacroix (ill. 1) rassemblant, à côté de l’huile sur toile de 1864, études au crayon ou au fusain, esquisses à l’huile ou au crayon graphite et à la plume, en tout seize travaux préparatoires qui constituent ce qu’il convient d’appeler « la fabrique de l’Hommage». Celle-ci, réservée à la salle qui fut l’atelier de Delacroix [1], est au cœur d’une enquête qui présente autour des relations des « modernes » avec Delacroix, la « Société des Trois » (Fantin-Latour, Whistler et Alphonse Legros, tous trois présents sur l’Hommage), puis l’importance de Manet dans cet hommage, avant de s’achever par « D’un hommage l’autre » qui s’attache à deux œuvres : L’Immortalité de Fantin-Latour et le Monument à Eugène Delacroix de Jules Dalou. Exposition riche et passionnante de génétique picturale : autour d’une figure, d’un sujet, tout ce qui peut être dit et montré [2], l’est.

2. Frédéric Bazille (1841-1870)
L’Atelier de la rue de Fürstenberg, 1865-1866
Huile sur toile - 80 x 65 cm
Montpellier, musée Fabre
Photo : Musée Fabre/Frédéric Jaulmes
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Cet Hommage a une origine extra-picturale : revenant de l’enterrement de Delacroix en cette journée d’été du 17 août 1863, Baudelaire, Manet et Fantin-Latour sont choqués par la tiédeur dont font preuve les autorités à l’égard du grand peintre de la génération romantique. Certes, ce dernier avait expressément demandé que tout fut simple et sans ornement [3]. Mais était-ce raison pour rendre un hommage officiel a minima – qui plus est accompagné d’un discours de Jouffroy au nom de l’Académie – plus que tendancieusement distant à l’égard du défunt ? Les trois amis décident donc de répliquer par un acte fort qui « manifesterait au cœur du Salon la reconnaissance de la voie illustre ouverte par Delacroix à un art exigeant et authentique » [4] Baudelaire soumet l’idée d’un tableau où son ami Delacroix – « celui que j’ai tant aimé, celui qui a daigné m’aimer et qui m’a tant appris » ainsi qu’il devait le dire lors d’une conférence prononcée à Bruxelles le 2 mai 1864 [5] – figurerait entouré des artistes, peintres, écrivains et musiciens qui l’avaient inspiré. Fantin-Latour a conservé cette liste écrite de la main de Baudelaire, lui adjoignant en marge « De Baudelaire / pour mon tableau / A Delacroix ». Les noms qu’avait rapidement jetés sur le papier Baudelaire étaient ceux de Raphaël, Michel-Ange, Rubens, Véronèse, Rembrandt, Vélasquez, Goethe, Byron, Shakespeare, Arioste, Dante, Haydn, Beethoven, Mozart et Weber [6].


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