Inaliénabilité : une prise de position de l’association des conservateurs de musées

30/6/09 – Musées – France – Le Sénat a voté hier la proposition de loi du sénateur Richert sur la restitution des têtes Maori, après que le gouvernement, par la voix de Frédéric Mitterrand, a soutenu cette idée (voir l’article). Nous avons reçu de Christophe Vital, au nom de l’AGCCPF (Association générale des conservateurs des collections publiques de France), un communiqué qui traite, au delà de cette question, des problèmes graves de recrutement que connaît actuellement cette profession :

« Je tenais à indiquer aux lecteurs de La Tribune de l’Art ainsi qu’aux parlementaires que l’AGCCPF a consacré dans le dernier numéro de sa revue « musées et collections publiques de France » ( 2008/2-3) consacré aux collections extra européennes dans les collections des musées de France plusieurs articles sur la question . Par ailleurs elle s’apprête à publier un autre numéro courant 2009 ( second semestre) sur les restes humains dans les collections hospitalières, preuve de l’intérêt que suscitent ces questions au sein de la profession et des réflexions qui sont menées par elle contrairement à ce que l’on pourrait ici ou là laisser entendre.

Concernant la loi dont le champ a été élargi au déclassement des collections des musées, l’AGCCPF redit avec force son attachement à l’inaliénabilité. Le déclassement doit rester une mesure très exceptionnelle prenant comme critères des critères techniques ou scientifiques exclusivement. Si la commission prévue par la loi et le code du patrimoine n’a jamais statué sur des projets de déclassement c’est qu’aucune demande ne lui a été soumise et par conséquent que le besoin n’a pas été ressenti sauf dans le cas précis des têtes Maori et de la Vénus. Etablir des critères est du ressort de l’administration centrale en consultant largement les professionnels, cela démontre la nécessité d’établir en France dans le domaine des musées de véritables normes, ce qui manque cruellement aujourd’hui. C’est en tous les cas ce que l’on peut attendre de la future administration centrale quelle que soit son organisation future dans le cas de la RGPP. L’AGCCPF est prête à participer aux réflexions et aux débats. Elle en profite pour redire que les musées de France ont besoin de professionnels bien formés, compétents, qualifiés ; il existe pour cela une école supérieure : l’INP. Il est tout à fait inquiétant de constater l’écart entre les promotions et le nombre de postes qui vont se libérer dans les mois et les années qui viennent. Il faut par conséquent mettre de manière urgente un plan de gestion prévisionnelle des recrutements. Sans cela, les musées de France ne disposeront pas de professionnels en nombre et qualité suffisants. Les sénateurs pointent du doigt à juste titre les problèmes posés par les récolements, encore faut-il donner aux conservateurs les moyens de les réaliser, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans bien des établissements. Force de propositions l’AGCCPF réalise actuellement un livre blanc sur les musées et souhaite établir le dialogue indispensable avec le ministère, les parlementaires ainsi que les associations d’élus. »

Par ailleurs, le sénateur Richert à qui nous avions transmis notre article nous a aimablement répondu « prendre soin de prévoir des conditions d’application qui évitent les dérives » et nous assurer « de toute sa vigilance pour le futur comme pour le passé ». Il n’est pas question de mettre en doute la bonne foi de celui-ci et son souci du bien public. Mais Pandore aussi avait toutes les qualités.

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