Subscriber content

Créer pour Louis XIV. Les manufactures de la Couronne sous Colbert et Le Brun

Paris, Galerie des Gobelins, du 18 septembre au 4 décembre 2019

1. Pierre Louis Van Schuppen (1627-1702)
d’après Charles Le Brun
et d’après Philippe de Champaigne
(1602-1674)
Portrait de Jean-Baptiste Colbert
Burin, eau-forte - 44,4 53,9 cm
Paris, Musée du Louvre
Photo : RMN-GP / Michel Urtado
See the image in its page

Symbole d’intégrité, la licorne fait partie des attributs de Jean-Baptiste Colbert, et le dogue incarne sa fidélité au roi. Les deux animaux combattent le vice au château de Sceaux, sculptés par Jean-Baptiste Théodon. La licorne apparaît plus discrètement dans la bordure d’une tapisserie que Minerve se charge elle-même de broder, au centre de laquelle trône l’effigie du surintendant des Bâtiments du roi (ill. 1). Ce portrait gravé évoque le rôle essentiel que joua Colbert pour les Gobelins. C’est lui qui créa la «Manufacture royale des meubles de la Couronne». Et Charles Le Brun en prit la direction.
L’un et l’autre sont nés la même année, il y a 400 ans. La galerie des Gobelins profite de cet anniversaire pour célébrer [1] ses deux fondateurs en réunissant un florilège d’arts décoratifs dans ce lieu même où ils furent confectionnés 350 ans plus tôt, dans ce lieu même qui continue aujourd’hui encore à produire des œuvres textiles (ill. 2).
Jean-Baptiste Colbert ne créa pas cette manufacture ex-nihilo. Il s’inspira du modèle de la galerie du Louvre où étaient concentrés des ateliers d’artistes qui jouissaient de la protection du roi. Il s’inscrivit aussi dans la lignée d’Henri IV soucieux, déjà, de limiter l’importation de tapisseries étrangères ; il avait pour ce faire installé, dans ces bâtiments - précédemment occupés par une famille de teinturiers, les Gobelin -, des ateliers de tapisserie dirigés par les Flamands Marc de Comans et François de La Planche.

2. Vue de l’exposition
Photo : Thibault Chapotot
See the image in its page

En 1662, le ministre de Louis XIV fit acheter l’enclos des Gobelins afin d’y réunir à la fois des ateliers indépendants et ceux de la manufacture de Maincy fondée en 1658, près de Vaux, par un Nicolas Fouquet tombé en disgrâce depuis. En plus de cette nouvelle manufacture, Le Brun prit les rênes de la Savonnerie située sur la colline de Chaillot ; celle-ci, spécialisée dans la fabrication de tapis, avait été réorganisée par Colbert et devint étroitement associée aux Gobelins où étaient peints les cartons des tapis.
Contrairement à d’autres «manufactures royales» qui étaient des établissements privés auxquels le pouvoir consentait seulement certains privilèges, celle des Gobelins était vouée à servir le roi : sans en avoir le monopole, elle assurait l’ameublement de ses maisons et fournissait des cadeaux diplomatiques. Les artistes étaient rétribués par l’administration des Bâtiments du roi.
L’ambition de Colbert était politique et économique. Les résidences royales - le Louvre, Saint-Germain, Fontainebleau, Versailles - devaient incarner le prestige du monarque et servir de vitrine à la création française. «À…

To access this content, you must subscribe to The Art Tribune. The advantages and conditions of this subscription, which will also allow you to support The Art Tribune, are described on the subscription page. If you would like to test the subscription, you can subscribe for one month (at €8) and if you don’t like it, you can send us an e-mail asking us to unsubscribe you (at least ten days before the next direct debit).

If you are already a subscriber, sign in using this form.

Your comments

In order to be able to discuss articles and read the contributions of other subscribers, you must subscribe to The Art Tribune. The advantages and conditions of this subscription, which will also allow you to support The Art Tribune, are described on the subscription page.

If you are already a subscriber, sign in.