Caravage. Un coup de fouet

L’excursion à Rouen en 1959 de Roberto Longhi et Michel Laclotte pour examiner au Musée des Beaux-Arts le tableau de la Flagellation du Christ (ill. 1) dont l’attribution était encore incertaine est bien connue des historiens de l’art. Subjugué par la toile qu’il examina soigneusement, Longhi confirma alors ce que beaucoup commençaient à penser : il s’agissait bien d’un Caravage.

1. Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571-1610)
La Flagellation du Christ, vers 1606-1607
Huile sur toile - 134,5 x 175,5 cm
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Photo : Domaine public

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L’achat, quatre ans plus tôt, fut vraiment un coup de chance, mais il n’y a pas de chance sans talent. Le conservateur de l’époque, Hubert Guillet, l’avait présenté devant le Conseil artistique de la Réunion des musées nationaux sous le nom de Mattia Preti, une identification qu’on l’avait invité à revoir sans penser alors à Caravage. Pas sûr qu’il s’était attendu à une telle découverte. L’œuvre, qui ne serait réapparue dans une vente publique que vers 1950 n’avait coûté que 225 000 francs.

Cette histoire est rappelée dans le court texte que Diederik Bakhuÿs consacre au tableau dans le volume accompagnant le Temps des Collections, initiative qui fête cette année ses dix ans et qui consiste à présenter plusieurs expositions-dossiers dans les Musées de la Ville de Rouen (voir cet article). Cette année, quatre expositions sont organisées, mais nous ne parlerons que de celle-ci [1]. Une petite exposition donc, puisqu’elle compte en tout et pour tout neuf numéros dont six peintures et trois sculptures, mais des œuvres importantes et dont la réunion fait suffisamment sens pour justifier un détour par Rouen.

Autour de La Flagellation du Christ de Caravage donc - dont on aimerait, à défaut de lui enlever la vitre qui la protège depuis déjà longtemps, que celle-ci soit changée pour un modèle antireflet comme on peut le voir aux Offices - sont réunis des œuvres un peu plus…