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Bêtes rampantes et rhinocéros : deux expositions au Rijksmuseum

"Clara and Crawly creatures", du 30 septembre 2022 au 15 janvier 2023

Après avoir parcouru des salles grouillantes de bestioles visqueuses ou rugueuses, qui rampent, glissent et se tortillent, le visiteur du Rijksmuseum tombe nez à mufle avec une grosse bête patibulaire : un rhinocéros, au doux nom de Clara. Deux expositions sont ainsi proposées simultanément : la première, consacrée aux bêtes rampantes et aux insectes, montre comment leur image évolua au fil des siècles à travers une grande variété d’œuvres d’art et d’objets scientifiques ; la seconde raconte le périple d’une femelle rhinocéros venue des Indes et débarquée à Rotterdam en 1741 ; réduite au sort d’animal de foire, Clara parcourut toute l’Europe pendant presque vingt ans.


1. Attribué à Chicart Bailly (vers 1500-1530)
Memento Mori, vers 1520-1530
Ivoire et ébène -12,5 × 42 × 15 cm
Cologne, Museum Schnütgen,
Photo : bbsg
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Serpents, vers, lézards, crapauds… Trop loin du ciel, trop près de la terre, ils furent d’abord associés au mal et à la mort. Aristote les place bas dans son classement des êtres vivants et la Bible fait du serpent une incarnation de Satan. Pendant longtemps, ces animaux ne furent donc pas en odeur de sainteté, symboles du vice et de la fugacité de la vie. La première section s’arrête sur cette réputation qui leur colle à la peau au Moyen Âge et à la Renaissance. Le thème du memento mori est illustré par un ivoire du XVIe siècle attribué à Chicart Bailly qui représente un cadavre en décomposition dans un cercueil, rongé par les vers, les mouches et les crapauds (ill. 1 et 2). Sur un tableau peint dans le nord de l’Allemagne vers 1464, un couple élégamment vêtu affirme imprudemment « mon désir éternel est le plaisir et la joie dans ce monde ». Vanité. Au revers du panneau, l’homme et la femme ne sont plus que des squelettes habités de crapauds et de serpents.


2. Attribué à Chicart Bailly (vers 1500-1530)
Memento Mori, vers 1520-1530 (détail)
Ivoire et ébène -12,5 × 42 × 15 cm
Cologne, Museum Schnütgen,
Photo : Museum Schnütgen/Dennis
Zetlitz, Gelsenkirchen
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Il est dommage que l’époque médiévale soit à peine évoquée dans le parcours comme dans le catalogue. Un seul objet permet de l’aborder, la crosse d’un évêque du XIIIe siècle ornée de reptiles et couronnée par une scène de combat entre saint Michel archange et le Diable sous la forme d’un dragon (ill. 3). La dimension symbolique du serpent aurait pu être développée davantage : non seulement il représente le Diable, mais il évoque aussi la luxure, en compagnie du crapaud, plus particulièrement dans la sculpture romane, lorsque tous deux mordent les seins et le sexe d’une femme nue.
Louis Réau dans L’Art religieux du Moyen Âge explique que cette illustration de la Luxure est sans doute dérivée de l’allégorie de la Terre nourricière, qui prend parfois l’apparence d’une femme nue allaitant des mammifères ou des reptiles. Cette figure païenne est chargée d’un tout autre sens dans le…

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