Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand

1. Amedeo Modigliani (1884-1920)
Paul Guillaume, Novo Pilota, 1915
Huile sur carton - 105 x 75 cm
Paris, Musée de l’Orangerie
Photo : RMN-GP/H. Lewandowski

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Rien de tel qu’un nom célèbre pour assurer la saison : prolongeant un bel accrochage présenté l’an dernier, l’exposition a tout pour séduire malgré une rentrée saturée d’art moderne. C’est avec enthousiasme que le visiteur confiant prend la route du musée qui abrite aujourd’hui les derniers témoins de la collection du marchand Paul Guillaume mais avec étonnement qu’on découvre son nom escamoté du titre où il figurait initialement. Son « invisibilisation » se justifie sans doute par quelques raisons commerciales mais apparaît assurément de bien mauvaise augure alors qu’il s’agissait pourtant de rendre enfin justice au « Novo Pilota » (ill. 1) qui fut le premier marchand de l’artiste. C’est autour de ce très fameux tableau - dont la veuve de Paul Guillaume, Juliette/Domenica, ne se sépara jamais - que se déploie et s’étire une exposition-dossier consacrée aux relations entre les deux hommes. Malgré un beau sujet, le visiteur circonspect reste pourtant sur sa faim, même si l’on sait hélas la difficulté inhérente à la réunion d’un ensemble respectable de tableaux - authentiques - de l’artiste devenu l’un des plus prisés au monde après sa mort prématurée en 1920. Trois (!) des quatre effigies du marchand peintes entre 1915 et 1916 sont ainsi rassemblées ici, venues de Milan ou de Toledo. Il faut dire que la mémoire de Paul Guillaume n’est pas vraiment célébrée comme elle le mérite : en raison des conditions dictées par sa veuve, qui épousa ensuite son amant, l’architecte Jean Walter, c’est sous le nom des deux époux qu’est présentée aujourd’hui la collection à l’Orangerie, alors que le second n’y participa en rien. De son côté, le musée qui ne cesse de réaménager son accrochage présente désormais ses œuvres sous l’intitulé « Les Arts à Paris » dans lequel seuls les initiés discernent le nom de la revue - largement promotionnelle - lancée par Paul Guillaume en 1918.

2. Vue de la deuxième salle de l’exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand » au Musée de l’Orangerie
Photo : Sophie Crépy

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Au cours de ces dernières années, le Musée de l’Orangerie a - progressivement - fait disparaître les derniers vestiges de l’aménagement qui évoquait les intérieurs de la riche veuve, avec ses beaux fauteuils rocaille jurant délicieusement avec les murs en béton et les œuvres modernes réinstallées dans la douleur en 2006 (voir l’article). Il faut en revanche saluer certaines orientations bienvenues, comme l’acquisition ou le dépôt de pièces extra-européennes venues du Musée du Quai Branly mais parfois aussi spécifiquement achetées sur le marché de l’art afin d’illustrer les passions que Paul Guillaume partageait notamment avec Amedeo Modigliani. Dans le catalogue de l’exposition, Yaëlle Biro revient sur…