15/10/07 – Politique culturelle – France – Sans même attendre le résultat du rapport demandé par Christine Albanel à Jacques Rigaud sur la possibilité de rendre aliénable les œuvres des collections publiques [1], un député, Jean-François Mancel, a osé déposer une proposition de loi dans ce sens, reprenant les conclusions du rapport Lévy-Jouyet de sinistre mémoire.
On admirera le niveau zéro de ce texte, qui se limite à deux articles : le premier définit deux types d’objets d’art parmi ceux conservés dans les musées : les « trésors nationaux » qui resteraient inaliénables et ceux qui seraient « libres d’utilisation » et pourraient être vendus ; le second indique qu’une « commission du patrimoine culturel », créée par décret, déterminerait la classification des œuvres et apprécierait la pertinence des opérations de vente.
Si une telle loi était votée, aucune œuvre ne serait réellement épargnée car nul garde-fou n’est envisagé. Rien n’y définit ce que seraient ces œuvres inaliénables, si ce n’est « leur importance » ; les critères de composition de la commission ne sont pas davantage précisés (on pourrait imaginer d’y nommer Jean-François Mancel, Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet !).
Une proposition de loi n’est pas une loi [2]. Mais de toute part, qu’il s’agisse du gouvernement ou du parlement, on sent le besoin pressant de mettre fin à ce qui protège encore les musées français de la rapacité de ceux qui sentent qu’il y a là beaucoup d’argent à économiser, ou à gagner. Espérons que la communauté scientifique saura se mobiliser pour sauvegarder nos collections.