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Promenades de papier
Williamstown, Clark Art Institute, du 17 décembre 2022 au 12 mars 2023.
Tours, Musée des Beaux-Arts, du 13 mai au 28 août 2023.
Rien de tel qu’un été sur les bords de la Loire pour reprendre des forces après un rude hiver américain, même s’il est permis de préférer « Promenades on Paper » à « Promenades de papier », d’autant que l’exposition tourangelle n’a finalement pas grand-chose à voir avec celle du Clark Art Institute. Leur - louable - objectif demeure pourtant similaire : montrer, enfin, des feuilles méconnues provenant du fameux département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale. C’est en effet sous ce nom trop restrictif - comme en conviennent volontiers deux des commissaires de l’exposition dès le début de leur intéressant essai sur l’histoire de ces collections, publié dans l’ouvrage [1] accompagnant l’accrochage ligérien - que sommeillent paisiblement des trésors graphiques parcimonieusement montrés par la vénérable institution. Avec une régularité de métronome, celle-ci présente parfois ses trésors lors de manifestations hors-les-murs du quadrilatère Richelieu : à la fin de l’année 2003, c’est la Renaissance qui fut mise à l’honneur à Barcelone [2] (voir l’article) suivie, au printemps 2014, du XVIIe siècle français (voir l’article). Près d’une décennie plus tard, le XVIIIe siècle méritait lui aussi d’être effeuillé à son tour.
- 1. François-Joseph Bélanger (1744-1818)
Le jardin de Beaumarchais, 1788
Aquarelle, plume et encre sur tracé préparatoire au crayon - 20,5 x 32,8 cm
Paris, Bibliothèque nationale de France
Photo : BnF - Voir l´image dans sa page
Aussi agréable qu’elle soit, la promenade ne manque pas de surprendre le visiteur curieux ou l’amoureux du Siècle des Lumières qui peut ainsi se délecter par exemple du « dessin-paysage » de François Joseph Bélanger immortalisant le célèbre jardin de Beaumarchais à Paris (ill. 1) qui permit à l’homme de lettres d’observer la prise de la Bastille depuis sa terrasse. S’il faut se réjouir de voir F.-J. Bélanger de mieux en mieux étudié (voir l’article), cette belle feuille n’avait pas été montrée depuis l’exposition « Jardins romantiques français » de l’été 2011 (voir l’article). Généreux prêteur, le département des Estampes de la BnF pâtit cependant de son manque de visibilité en dehors du cercle naturellement plutôt restreint des chercheurs et des spécialistes. Ceux-ci connaissent l’histoire singulière de ses collections, héritières de l’Ancien Régime, et les noms de Michel de Marolles ou de Roger de Gaignières leur semblent familiers. Pour un plus grand public, un zeste de pédagogie s’imposait ! C’est aussi ce qui fait la force de cette exposition estivale, adaptation nationale d’un parcours conçu pour des visiteurs nord-américains : on ne découvre donc pas « cent chefs-d’œuvre » tirés de leurs portefeuilles mais plutôt un certain nombre d’artistes méconnus, volontiers agrémentés de quelques curiosités parfois inattendues ici.