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Poussin et la recherche : La Fuite en Egypte Serisier en discussions

1. Journée d’étude Poussin au
Musée des Beaux-Arts de Lyon
Photo : D. Rykner
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Nicolas Poussin n’a jamais, je crois, peint la lune. Comme Philippe de Champaigne, il sait parfaitement peindre le spirituel dans l’art, mais à la différence de ce dernier qui s’est aventuré, avec succès, dans les représentations des phénomènes célestes, son monde est entièrement terrestre. Uniquement, totalement terrestre. Tout ce qui se voit sous le soleil, du bleu physique de la troposphère aux fragments archéologiques ou aux animaux issus du sol, en passant par les jeux sans fin de la lumière dans la frondaison des arbres, l’ordre de l’architecture, le langage des gestes, ou les innombrables sentes qui parcourent un paysage. Un univers dense et complexe, où l’évidence des choses et des êtres est le plus souvent un voile pour accéder aux vérités cachées, par la beauté de l’énigme.

C’est ce qui explique que, après son échec public parisien en 1642 comme au temps des crises autour de 1900 ou de la mode du zapping en 2008, il soit admiré, servi par un petit groupe de « dévots » ou d’ « hérétiques », pour reprendre ses termes, qui trouvent leur bonheur dans la confrontation (pas d’autres mots possibles, je crois) avec ses toiles, avec son œuvre. De même que dans les années 1650, des artistes comme Le Brun, Mignard, des amateurs comme Loménie de Brienne, des collectionneurs comme Passart se rassemblaient pour examiner le dernier envoi de Poussin chez un Fouquet, un Richelieu ou ailleurs, de même, le 14 mai 2008, un bon groupe d’aficionados de Poussin s’est réuni dans les salles du musée de Lyon, à l’initiative du musée des beaux-arts de l’ancienne capitale des Gaules et du musée du Louvre, pour discuter des œuvres présentées dans l’exposition organisée à l’occasion de l’acquisition de la Fuite en Egypte (ill. 1) qui avait appartenu au marchand lyonnais Serisier.

Briser les frontières


2. Nicolas Poussin (1594-1665)
La Fuite en Egypte, 1657
Huile sur toile - 97 x 133 cm
Lyon, Musée des Beaux-Arts
Photo : D. R.
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Même les non poussinistes connaissent l’histoire mouvementée de ce tableau, depuis sa découverte lors de son passage en salle des ventes, à Versailles, en 1986. Par malchance (ou bonheur pour les épistémologues de l’histoire de l’art), une autre version avait déjà été publiée, de ce tableau connu par les sources anciennes et par la gravure : publiée une première fois par le grand spécialiste de Poussin, Anthony Blunt en 1982, elle reçut l’appui insistant d’un autre grand expert de Poussin, Sir Denis Mahon (version appelée Piasecka Johnson) [1]. La reconnaissance du caractère autographe du tableau réapparu en France par des historiens de l’art français ne valut que des déboires aux marchands, les frères Pardo, qui l’avaient achetée ; elle fit l’objet d’une présentation dans les salons du Ritz, de deux procès, d’une interdiction de sortie de territoire (grâce à un…

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