Poitiers et son patrimoine (1)

L’escalier de l’Hôtel de Ville de Poitiers
en cours de restauration
Photo : Didier Rykner
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Poitiers, ville d’art et d’histoire, dont le nombre de monuments historiques est très élevé, prend-elle soin de son patrimoine ?

La réponse à cette question est ambivalente. Indéniablement, sur certains points fondamentaux dont nous dénonçons pour d’autres villes l’incurie, la mairie de Poitiers semble attentive à ses monuments historiques.
La visite de ses principales églises et de la ville nous a convaincu que, contrairement à d’autres, notamment Paris, la ville maintient le patrimoine bâti qui lui appartient dans un état de conservation plutôt satisfaisant - l’escalier de l’Hôtel-de-Ville fait l’objet d’une restauration (ill.) - même si certains chantiers (par exemple la restauration intérieure de Notre-Dame-la-Grande) pourraient être lancés. En décidant récemment d’aider financièrement les propriétaires qui restaurent leurs façades, en se dotant d’un service efficace chargé d’effacer les tags dès qu’ils apparaissent, on a l’impression d’une ville plutôt bien entretenue et ce point n’est pas à négliger. De même, la piétonisation d’une partie du centre-ville rend la promenade particulièrement agréable. Car la ville a lancé une grande opération urbaine appelée Cœur d’agglo, confiée à l’architecte Yves Lion…

On pourrait donc croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. On aurait tort, grandement tort.
Le patrimoine de Poitiers est en effet bien malmené. Sur presque tous les sujets : monuments historiques, archéologie, musées, archives, des affaires très graves s’y déroulent, incompréhensibles pour qui connaît un peu ces problématiques d’autant que dans aucun cas on ne peut prétexter ici des questions budgétaires. Il s’agit bien soit de destructions avérées, soit de négligences coupables dont on ne comprend pas les raisons.

Après avoir rencontré les associations, nous avons voulu interroger la mairie en lui envoyant des questions fort précises. A celles-ci, l’adjoint au maire chargé notamment du patrimoine, M. Jean-Marie Compte, a accepté de nous répondre, mais uniquement oralement, refusant absolument tout écrit. Manifestement, ces questions embarrassent la municipalité car le moins que l’on puisse dire est que ses réponses étaient gênées, et peu convaincantes. Quant à la Direction Régionale des Affaires Culturelles, dont la responsabilité est énorme dans la plupart de ces affaires, nous ne connaîtrons pas son point de vue ni les raisons pour lesquelles elle a laissé faire : on est en effet en « période de réserve », et elle a refusé de répondre avant fin juin (voir la brève du 20/4/12). Tant pis pour elle.

Nous consacrerons donc successivement plusieurs articles au patrimoine de Poitiers. Ils traiteront notamment :

 du vandalisme sur le site de Saint-Hilaire (voir l’article),

 des destructions archéologiques,

 des musées de la ville, et notamment de la fermeture du musée Rupert de Chièvres,

 du sort fait aux archives ces dernières années,

 et de différentes autres affaires, plus ponctuelles, que nous traiterons dans un dernier article.

Si la ville de Poitiers (ou la DRAC, quand elle aura fini de se cacher derrière la période de réserve) veut répondre par écrit (ce qu’elle a refusé de faire jusqu’à présent), elle le peut, et nous publierons son droit de réponse comme nous l’avons déjà fait pour l’affaire du décapage du monument aux morts.

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