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Masculin / Masculin. L’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours
Paris, Musée d’Orsay, du 24 septembre 2013 au 2 janvier 2014.
- 1. D’après Georges de La Tour (1593-1652)
présenté comme original au Musée d’Orsay
Saint Sébastien à la lanterne
Huile sur toile - 109 x 131 cm
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Photo : RMN-GP/P. Bernard - Voir l´image dans sa page
Incontestablement, l’exposition « Masculin/Masculin » organisée par le Musée d’Orsay fera date dans l’histoire de l’art en France grâce à une découverte. Curieusement, celle-ci ne porte d’ailleurs pas sur la période 1848-1914. Non. Il s’agit d’une avancée décisive dans la connaissance d’un des peintres français les plus importants du XVIIe siècle : Georges de la Tour. Celui-ci fait en effet l’ouverture de l’exposition, le premier tableau qu’on peut y voir étant le Saint-Sébastien en largeur du Musée des Beaux-Arts de Rouen (ill. 1). Or, ce tableau a toujours été considéré par les spécialistes comme une copie (il en existe plusieurs). À tort, manifestement, puisqu’il est présenté désormais par les commissaires de l’exposition comme l’original de Georges de La Tour que l’on pensait disparu. Comment sont-ils arrivés à cette conclusion bouleversante ? On ne le saura malheureusement pas, aucun des tableaux montrés ici ne faisant l’objet d’une notice (Guy Cogeval, dans son introduction, préfère parler avec mépris de « notule ») qui expliquerait sa place dans l’exposition et, pourquoi pas, les raisons d’un changement d’attribution [1]. L’histoire de l’art, comme le président du Musée d’Orsay le rappelle, n’a pas besoin, après tout, d’être « documentée [2] ». Que les spécialistes de Georges de La Tour (dont Jacques Thuillier, Jean-Pierre Cuzin, Pierre Rosenberg…) n’aient pas été capables de reconnaître un original dans ce tableau prouve la « paresse bien commode » des monographies d’artistes. Alors que l’exposition « Masculin/Masculin » privilégie « l’histoire des idées ». Mais de quelles idées exactement parle-t-on ?