- Le château de La Barben en 2019,
avant la catastrophe qui s’est abattu
sur lui et ses abords
Photo : La Tribune de l’Art - Voir l´image dans sa page
Dans un article mis en ligne hier sur le site du Figaro, le directeur du parc d’attraction Rocher Mistral (dont les coactionnaires sont les familles Dassault, Michelin et Deniau [1]), lance un vibrant appel à la nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati.
En s’opposant aux adversaires déclarés de celle-ci, notamment à gauche, qui ont lancé une campagne massive contre sa nomination, il prétend donc représenter la « culture populaire » « vivante, créative et ancrée dans les régions » contre la « culture de l’entre-soi » à laquelle appartiendrait notamment l’actrice Anna Mouglalis, dont la réaction outrée à l’annonce de la nomination de la ministre a fait le tour des réseaux sociaux.
Même s’il existait deux mondes de la Culture, une chose est certaine : Vianney d’Alançon n’appartient à aucun d’entre eux. Rappelons en effet qui est celui qui profite de cette tribune pour vanter le modèle qu’il a mis en place au château de La Barben : un gestionnaire de parc d’attraction bas de gamme qui a installé celui-ci dans un monument historique classé en s’asseyant ostensiblement sur plusieurs codes, dont celui du patrimoine, de l’environnement et de l’urbanisme.
Nous avons consacré en 2021 une enquête en treize parties sur cette affaire, auxquels se sont rajoutés depuis deux autres articles, dont le dernier rappelle le déroulement du procès de Vianney d’Alançon et Rocher Mistral devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, les verdicts étant attendus le 13 février. Nous y renvoyons les lecteurs soucieux de comprendre de quoi l’on parle exactement : la dénaturation d’un monument historique et de ses abords au profit d’attractions grotesques et historiquement défaillantes. La culture populaire, n’en déplaise à ce monsieur, ce n’est pas traiter le peuple par le mépris en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes, et un château monument historique pour la fête à Neuneu.
Prétendre défendre le patrimoine - il est allé sous ce prétexte jusqu’à créer une association intitulée Avenir Culture et Patrimoine ! - quand on a le bilan de Vianney d’Alançon, c’est un peu comme imaginer Charles Bukowski (qui au moins avait du talent) créer une ligue antialcoolique.
Prétendre comme lui se faire le porte-parole des « acteurs de terrain des régions » c’est insulter les innombrables propriétaires de monuments historiques qui se battent quotidiennement pour réellement restaurer leur patrimoine dans le respect des règles et des lois qui protègent l’héritage que nous ont laissé les siècles passés.
Sa tribune n’est pas seulement une injure à leur encontre, c’est aussi une insulte à l’intelligence de la nouvelle ministre de la Culture qu’il croit ainsi pouvoir berner.