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Livres sur Ingres récemment parus

Auteurs : Sébastien Allard et Marie-Claude Chaudonneret

Sébastien Allard et Marie-Claude Chaudonneret, postface de Andrew Carrington Shelton, Ingres. La réforme des principes : 1806-1834, Fage éditions, Lyon, 2006, 176 p., 29 €. ISBN : 2849750735.

Cet essai s’interroge sur la réforme de la peinture dont Ingres voulut être le fer de lance. Très stimulant par le nombre de problèmes abordés, il cherche de manière trop systématique à renouveler l’historiographie, au risque parfois de se fourvoyer.
Ainsi, l’idée qu’Ingres aurait refusé la hiérarchie des genres (affirmée p. 53) est pour le moins étrange à propos d’un artiste qui s’est toujours voulu peintre d’histoire, et même de « haute histoire » (comme cela est rappelé p. 59), catégorie qu’il crée de toute pièce, peut-être pour s’opposer à l’histoire traitée comme scène de genre. Un peu plus loin (p. 87), on lit pourtant que « Ingres se considérait comme un peintre d’histoire », ce qui est l’évidence mais très contradictoire. Il est banal de rappeler qu’Ingres exécutait des portraits à contre-cœur. Et le fait qu’il ait voulu en exposer cinq au Salon de 1814 (il n’en montra d’ailleurs probablement qu’un seul) n’est aucunement une preuve qu’il accordait à cette catégorie une grande importance (indice, selon les auteurs, qu’il refuserait la hiérarchie des genres) comme cela est écrit p. 70. Sinon, cela serait vrai de tous les peintres d’histoire qui, presque sans exception, exposaient régulièrement des portraits.
De même, il est difficile de souscrire à l’affirmation que les petits tableaux qu’Ingres peignit à la fin des années 1810 (Henri IV jouant avec ses enfants, La Mort de Léonard de Vinci ou Don Pedro de Tolède baisant l’épée de Henri IV) ne sont pas des tableaux troubadours. On peut, toujours, jouer sur les mots. Mais le genre troubadour correspond à une réalité artistique (qu’on le veuille ou non, rarement style aura été plus aisément caractérisable) et se reconnait par certains caractères (petit format, faire lisse, sujets se rapportant à la littérature ou à l’histoire nationale) qui sont tous présents chez ces tableaux d’Ingres. Il serait beaucoup plus intéressant de s’interroger sur la façon dont Ingres s’est approprié cette manière et l’a transcendée.
On s’étonnera également de la phrase affirmant que la présence de trois sujets « monarchistes » peints par Ingres au Salon de 1824 ne serait pas « l’expression de gages d’allégeance à la monarchie », mais « le résultat de la disponibilité des œuvres pour le Salon de 1824 ». S’il n’y a peut-être pas allégeance, il y a au moins courtisanerie et il est difficile de penser qu’il puisse s’agir d’un simple hasard.
Dans leur volonté de vouloir à toute force rectifier les affirmations des historiens qui les ont précédés, les deux auteurs peuvent arriver à des contradictions savoureuses. On lit ainsi (p. 87) à propos du Napoléon Ier sur le trône impérial que « les critiques [furent] loin d’avoir été franchement hostiles et catégoriques ». Peut-être, mais les extraits cités juste après prouvent exactement…

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